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 Le deuxième vélo... IL EST DEBOUT ! ! Ce n'est pas possible. Alors là, ma certitude me fait tourner la tête. Il y a quelqu'un dans l'appartement. Quelqu'un qui a trébuché sur un vélo. Lequel ? Cela n'a pas d'importance. Il l'a fait tomber, l'a vite remis debout - dans mon affolement je n'ai pas pu entendre l'intrus le ramasser et le remette sur pied - tout en douceur pour ne plus faire de bruit.

Mais c'était trop tard. J'avais tout entendu, ou presque. Où est-il ?

Pourquoi se cache-t-il ? Cela ne pouvait pas être mon frère, il n'a pas la clé.

 

Mais à propos de clé... Immobile dans le hall d'entrée, mon regard se porte aussitôt vers la porte donnant sur l'extérieur. Elle devrait être fermée, comme d'habitude. Je m'y dirige à pas feutrés pour vérifier. Si elle est restée ouverte, le dernier doute volerait en éclat...

 

Elle est fermée ! Alors là je n'y comprends plus rien. D'abord ce bruit trop clair derrière la porte de ma chambre. Ensuite les deux vélos qui tiennent encore debout. Et pour finir ce silence plus évocateur que jamais de l'immense précaution que doit prendre un intrus pour ne pas se faire repérer plus que ça.

 

Je ne peux pas rester là. Je file.

 

En partant je referme la porte à double tour. Sur le palier encore noir, je ne suis pas rassurer pour autant. Il a pu sortir et reste tapi dans le noir... Très vite j'allume. J'appelle l'ascenseur. Je l'attends le dos plaqué à sa porte, tournant la tête à droite et à gauche pour éviter de me faire surprendre. Tout à coup un léger bruit se fait entendre... C'est l'ascenseur qui vient d'arriver. Je suis dans un tel état de tension depuis vingt bonne minutes qu'un rien me fait sursauter. J'entre dans l'ascenseur, j'appuie vite sur le zéro, priant très fort pour que la porte de s'ouvre pas avant qu'il ne démarre parce que là, je serais vraiment fait comme un rat sans aucune issue de sortie, complètement à sa merci. Les trois secondes que dure ce labs de temps me paraissent traîner. Il continue sa perfide persécution ! Il s'est arrangé pour bloquer le mécanisme. Il veut me faire mourir de peur. Il veut jouer avec moi comme un chat cruel avec sa souris ! Il doit se délecter à me voir frémir de peur à chaque nouvelle étape.

 

Enfin les doubles portes intérieures se referment. L'ascenseur descend. Je ressens comme un immense soulagement m'envahir peu à peu.

La tête contre la paroi, je ne peux m'empêcher de repasser ces différents événements incroyables dans mon esprit. C'est fou ce qu'en un instant l'ordre routinier des choses bascule et on se voit plonger dans l'inconnu où tous nos repères habituels ont disparus. Je peux dire que je l'ai échappée belle. J'aurais pu y laisser des plumes, voire ma vie. J'ose à peine imaginer la réaction de mes parents et de mon frère en rentrant.

Ils auraient découvert mon corps... Oh, c'est horrible !

 

Mais attention, l'ascenseur peut encore s'arrêter avant le niveau zéro ! Il peut toujours m'avoir dans cette souricière... Mon cœur, qui avait laissé fuir un trop plein d'émotion, se remit à battre fort. Mon inquiétude revint au galop. Mon corps se crispa de nouveau.

 

Je ne serai vraiment à l'abri que dehors. Je ne voyais pas défiler les étages mais cinq niveaux se parcourent rapidement quand même. Je ressentais les moindre vibrations de cette cage. Si une décélération s'amorçait avant l'heure, je crois que je ne l'aurais pas supporté.

 

Arrivé au rez-de-chaussé l'ascenseur s'ouvre et je pousse la porte avec des bras tout mous. J'ai l'impression d'avoir couru un mille mètres. Le hall d'entrée de la tour est sombre et lugubre, silencieux. Je fais un dernier effort pour m'échapper de cette tout infernale version thriller.

 

Une fois dehors, je savoure comme si c'était la première fois depuis une longue incarcération, la liberté retrouvée. Les gens vaquent à leurs occupations comme si rien ne s'était passé. Tout le monde paraissait ignorer le danger que j'ai encouru pendant près d'une demi-heure. Le monde continue à tourner comme d'habitude, alors que pour moi, le temps s'est incroyablement allongé.

 

Je prends le chemin du lycée regardant une dernière fois cette tour imposante qui renferme quelque part dans ses entrailles mon agresseur qui avait lamentablement échoué.

 

Mais j'y pense, c'est ma mère qui rentrera la première. Elle va le trouver dans l'appartement. C'est sûr puisque je l'ai bien fermée à clé. Comment va-t-elle s'en sortir ? Mais que puis-je faire ? je ne peux pas la joindre.

 

Cette réflexion ne menait nulle part. J'étais bien trop fatigué pour imaginer une issue possible. Je m'en remis au petit bonheur la chance. C'est vrai que c'est un peu lâche de ma part, mais trop c'est trop. Je reste impuissant.

 

La journée se passe presque comme d'habitude au lycée. Les cours s'enchaînent. Les pauses aussi. La cantine. Les copains. Je n'en parle à personne, on m'aurait pris pour une poule mouillée.

En fin d'après-midi je rentre à la maison. Curieusement toute cette histoire aussi marquante qu'elle a pu être, m'est complètement sortie de la tête. Aussi ne suis-je pas surpris outre mesure de retrouver mes parents et mon frère comme cela se passe dix mois dans l'année.

La routine prend le dessus : devoirs, belles bagarres avec mon frère, repas, un brin de télé et au lit.

 

Je suis en train d'enfiler mon pyjama quand ...

 

AAAhh ! et si on laissait la fin pour la prochaine fois ? ça vous dit ? Non ? comment ça non ? Bon allez, parce que c'est vous. J'ai fait assez durer le suspens. Voici la fin :

 

Je suis en train d'enfiler mon pyjama quand ...ma mère me dit comme ça, l'air de rien :

« Dis dons Charly, c'est toi qui a fait tomber le cadre en verre qui était suspendu au dessus de ma table de nuit ? »

Et là, mes yeux se sont ouvert grand, très grand. Toute la scène de la matinée est remontée à la surface, toutes ces peurs bleues, ces angoisses, ces sueurs froides. Je sentis des frissons me parcourir dans tout le corps. Je me sentis tout léger et à la fois empli d'une excitation que personne ne pouvait comprendre. Le grand mystère était enfin éclairci.

 

Je me suis empressé de tout raconté à ma famille. Ils m'écoutèrent avec intérêt et ce fut d'un cœur léger et apaisé que je finis par m'endormir comme un gros bébé.

 

Cette histoire illustre combien notre imagination peut nous jouer des tours tant que nous n'avons pas L'explication rationnelle à tout événement « bizarre ». Mais croyez-moi le raconter c'est une chose, le vivre c'en est une tout autre ! 

Tag(s) : #Textes des auteurs
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