La chanson chante en moi. Dans les rues désertes d'octobre.... où je marche...
Mes pas, un à un, mes pas d'enfant sur ta voix qui - déjà - tremble au téléphone....
Ainsi, il ne m'aura pas été donné de te "voir" vieillir. Je " t'entends " vieillir.... De quinze en quinze, ce rythme que tu as toi-même choisi.
"Les semaines passent vite dans une lenteur calculée", répète-tu avec cet humour qui est le tien...
T'as raison : appropries-toi le temps.
Cette grande feuille d'automne que je te rapportais de l'école maternelle - dessinée, décorée, séchée, collée - c'était donc... toi ?
Toi, avec ces grandes lignes de la main où courait encore la sève de l'été, rougissaient encore les couleurs du soleil : c'était toi !
Feuille parmi les feuilles, ainsi le vent te balaye à mes pieds et fais crisser - o ma jeunesse ! - ce chant que j'aime tant...
Je croyais avoir mis de la distance... bu la coupe du pardon... Mais à tes lèvres un poison familier traverse le fil du téléphone - O, solitude d'être si proches !....
Et comme je l'appréhende cette dernière bourrasque qui t'emportera !
Narguant que j'ai " raté " le dernier coup de téléphone...
Bien sûr... On ne peut jamais savoir - n'est-ce pas ? - que ce sera le dernier tremblement ; le dernier frémissement...
Quelle voix m'annoncera la "nouvelle" ? Celle de ta nouvelle "existence"...
Dans ce nouvel éloignement, seras-tu proche et présente ?
Présente et lointaine ?
Lumière ou Ténèbres...
J'ai la réponse ! Maman, je t'aime ! Et je sais que je ne le saurai qu'après, mais qu'importe ! c'est ainsi, je le sais et n'y puis rien, je ne peux pas te le dire maintenant, nous le saurons après - non ! nous le "savons" déjà - nous le "vivrons" après ! Personne n'y peut rien, c'est dieu qui l'a voulu ainsi...
Je t'aime de toute éternité, voilà c'est dit !
Pardon.
Et que le vent nous emporte...