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Pour accéder à mon école, il faut monter au petit tertre par un chemin court mais bien raide agrémenté d’une rampe en bois de sapin. C’est dur pour des petites jambes de six ans de faire le trajet quatre fois par jour ! Heureusement, mon papa est là qui m’aide à traverser la route, passante et plutôt dangereuse, car c’est elle qui conduit à la sortie vers le chef-lieu du département situé à 30 km. Ma maison est l’une des dernières de la ville ; quand je suis enfin arrivée au tertre agrémenté avec soin, entouré de jolis arbres et de petits bancs, je me retrouve près du kiosque de bois où se jouent tous les évènements des quatre saisons : fanfares, orchestres divers, concerts nocturnes, après-midi dansants, tout est fait pour plaire aux habitants de ma ville qui triment dur la semaine à l’usine textile du coin et se réjouissent le samedi soir de danser à la fraîcheur de la nuit ou d’écouter   le concert des cuivres et des bois qui nous percent souvent les oreilles. On est gai et on sait rire dans les villages à cette époque. Si la vie est dure en semaine, on laisse son habit de travail et tous ses soucis au vestiaire pour retrouver les amis, les voisins et même la famille.

En hiver, la neige recouvre l’endroit et mon raidillon n’est plus guère accessible à pied. Qu’importe ! Mon père s’empare de la grande luge de bois faite en sapin des Vosges et me voilà confortablement installée dessus. Pour aller, c’est un peu dur, mais au retour quel régal ! Mon père hurle : Freine ! Freine ! ou tu vas te fracasser à l’arrivée. Mais je n’ai cure de ses conseils. Je sais manœuvrer comme un chef et rien ne m’arrête à vrai dire. Je freine au dernier moment et mon père en est quitte pour une grosse peur. Il fait si froid en hiver que j’ai des gerçures aux mains et de profondes entailles à chaque doigt. J’ai bien des moufles chaudes qui pourraient me protéger, mais avez-vous déjà essayé de faire une bataille de boules de neige avec des gants ?

Ah, quels souvenirs me restent de cette époque ! Je suis restée dans ce collège de mes six ans à mes seize ans et je ne l’oublierai jamais. J’y repasse de temps à autre avec beaucoup de nostalgie. Le petit tertre a tellement changé ! On y a construit de vilaines annexes du collège et le charme de cet endroit a complètement disparu ! Mais si on peut transformer un lieu pour l’abimer et le détruire, les souvenirs eux, restent intacts, et continueront à vivre dans nos mémoires jusqu’à notre mort et peut-être même au-delà, qui sait ?

Tag(s) : #Textes des auteurs
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