Aujourd’hui débute le procès de Ricky Balthazar, alias Baz. Accusé d’avoir battu un passant dans le but de lui voler son porte-monnaie, il nie sa culpabilité.
- « Innocent, votre Honneur, je n’ai fait que me défendre, c’est lui qui a voulu s’en prendre à moi », déclare-t-il devant la Cour.
Et pourtant, l’agressé porte encore les marques de l’altercation. On peut voir des cicatrices sur son visage et ses bras, il souffre d’un traumatisme crânien qui pourrait bien lui laisser des séquelles permanentes. Assis au côté du Procureur de la couronne, il tremble et transpire. La peur est devenue une seconde peau, certain que le danger va une autre fois lui tombé dessus. L’accusé, lui, a le regard vif et n'apparait aucunement gêné d’être face au Juge, aux avocats, au jury et à l’auditoire. Il semble au-dessus de la mêlée, se gonfle le torse et recule les épaules pour mieux faire voir la masse de ses muscles. Un solide colosse qui effraierait quiconque le rencontrerait la nuit dans un passage sombre et isolé. Il se fait craquer les jointures et on a l’impression qu’il serait capable de briser les os avec une arrogance et une facilité effrayante de quiconque l’importunerait. Deux policiers montent la garde et veillent à ce qu’il ne fasse pas de connerie, on ne sait jamais avec un type pareil.
Depuis son arrestation, les autorités affirment qu’en taule il s’est imposé avec assurance, qu’il magouille avec les plus durs et qu’il impose sa loi. Alors, croire à son innocence est plutôt difficile. Pourtant le Procureur de la couronne devra démontrer sans aucun doute raisonnable la culpabilité de l’accusé sans se laisser intimider par ce dernier et par l’avocat de la défense, lequel semble bien déterminé à recevoir un verdict d’innocence pour son client.
Durant le témoignage de la victime alors que la salle entière sympathise aux souffrances subies et aux séquelles laissées par l’agression, l’accusé, lui, sourire en coin, continue d’intimider la galerie. Aucun signe d’inquiétude ne transpire de sa personne, on le sent en confiance. Le pauvre bougre peine à raconter l’événement tant la nervosité et la peur le paralysent. Il relate petit à petit son agression mais tout est si confus dans son cerveau que son propos est décousu. Comme peut-il être certain que son bourreau est celui assis en face de lui dans le box des accusés ? Les médecins témoignent de l’état de la victime à son arrivée aux urgences, des soins qu’il a dû recevoir et des pertes probables à long terme pour l’homme. Heureusement, les policiers ont retracé un témoin de l’agression ; ce dernier vient corroborer les dires de la victime tout en jurant qu’il reconnaît sans aucune hésitation l’homme assis au box des accusés.
Après les plaidoiries des avocats, le Juge ordonne maintenant au jury de délibérer et de décider en tout âme et conscience de l’innocence ou de la culpabilité du prévenu. Tout porte à croire qu’ils ne délibéreront pas longtemps, l’évidence de sa culpabilité ayant été démontrée de manière très nette.
Quelques heures plus tard, le Jury est prêt à rendre son verdict. Sans aucune surprise, la personne désignée déclare haut et fort que Ricky Balthazar est reconnu coupable de tous les chefs d’accusation.
C’est à ce moment qu’il se lève et crie à sa victime : « Sale con, c’est tout ce que tu méritais que je te mette en capilotade. Si c’était à refaire, je le referais espèce d’andouille. »
Baz fut condamné à cinq ans de réclusion sans possibilité de demande de révision ou de réduction de peine. Il n’en n’était pas à sa première incarcération car mettre de pauvres gens en capilotade c’est une de ses spécialités.