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Je m’imagine sur une île déserte où j’aurais échoué là lors d’un lamentable défi que Titou et moi on se serait lancé pour nos 20 ans de mariage. Me reprochant sans cesse d’être trop casanière, trop femme au foyer, me traitant de bobonne, mère Popote, miss Pot-au-feu, et tous les petits mots doux qui s’ensuivent qu’un jour, je lui lançai pour m’amuser : tu veux jouer les Robinsons avec moi, eh bien chiche, on y va !

Ni une ni deux ! Le temps de préparer notre embarcation (Titou est un merveilleux menuisier qui eut vite fait de rassembler quatre planches, quelques flotteurs, un peu de nourriture, d’eau fraîche et une boussole) et nous voilà partis par une nuit sans lune, mais par une mer si plate qu’on aurait dit un désert bleu, avec quelques ondulations dues au souffle du vent. C’était très poétique.

Nous naviguâmes ainsi pendant des nuits et des jours, sans apercevoir la moindre petite île capable de nous orienter vraiment. Nous nourrissant exclusivement des rares poissons que Titou prenait au hasard de ses pêches, car pour être un bon marin, il est plutôt mauvais pêcheur !  Je commençais à désespérer, j’avais des crampes dans les mollets, à force de rester assise, et l’ardeur du soleil m’ayant brûlée sur une partie du dos, je ne pouvais plus me passer de mon T shirt rose vif au départ, mais qui était tout délavé à présent.

Titou scrutait l’horizon sans relâche, mais toujours aucune île à l’horizon, je commençais à m’en vouloir de lui avoir suggéré une telle aventure. Une nuit de tempête, je me mis à crier de toutes mes forces : je n’en peux plus, rentrons chez nous, je veux mon lit, mon fauteuil, ma télé et ma soupe du soir bien chaude ! Titou restait assis au bout de notre planche, les jambes croisées, imperturbable, détendu et sans montrer la moindre anxiété. C’est bon, tu l’auras, ton île ! Encore un peu de patience !

Tout à coup, la tempête s’est levée, les vagues devenaient de plus en plus hautes, énormes, notre bateau était secoué dans tous les sens, j’avais mal au cœur, je hurlais de terreur… D’un bond je me redressai, au risque de tomber à l’eau, je sentais le flot qui m’enveloppait, comme un énorme tissu mouillé m’enserrant le corps de haut en bas, et me glaçant la peau de la tête au pied…Je hurlai une dernière fois avant de sombrer : Titou, on se noie ! On va mourir ! N’aie pas peur, chérie, tu as fait un mauvais rêve, viens que je te débarrasse de ce sale drap qui t’étrangle, pour un peu, tu chutais et je te retrouvais au pied du lit !

Cloclo, 6/04/2021

Tag(s) : #Textes des auteurs
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