Je l’ai encore fait. Pas une fois. Ni deux. Non. Trois fois. J’ai vérifié à trois reprises que les boutons du gaz étaient bien fermés. Généralement, je ne le fais pas plus de trois fois.
Heureusement. Déjà trois, c’est beaucoup. Je ne peux pas m’en empêcher. Je vérifie une première fois. Je m’apprête à partir. Et je fais demi-tour. Pour vérifier à nouveau. Un tic ?
Non, un TOC. Un trouble obsessionnel compulsif. Une terrifiante obsession catastrophique.
Cela m’énerve. Me rend zinzin. Mais c’est plus fort moi. Plus fort que tout. Le voile de l’angoisse s’est posée sur ma raison. Depuis, elle n’est plus maître des commandes.
Un lien évident avec mon stress chronique. Mon anxiété généralisée. Mon souci de perfection. Je me souviens très bien d’où est nait cette angoisse. C’était un samedi soir. On avait fait cuire du poulet. Et puis on était parti. Laissant à la maison mes beaux-parents. Le lendemain, ma belle-mère nous a annoncé que nous avions laissé le gaz ouvert. Mon Dieu !
Pardonnez-moi sainte mère. C’est mal, mal, mal. Plus jamais je ne commettrai cet acte Irréparable. Comment ai-je pu ? Ils auraient pu griller comme le poulet.
Cette vilaine manie ne s’est pas présentée tout de suite. Elle est plus subtile, plus pernicieuse. Elle s’est infiltrée dans mon âme petit à petit, comme on avancerait à pas de fourmi. Maintenant, elle est bien là. Confortablement installée dans le canapé de mes angoisses.
Mais j’en ai marre. Je suis à bout. Je n’en peux plus. Je ne veux plus être esclave de cette peur irraisonnée. Je vais le faire. Oui. Non pas une. Ni deux ou trois fois. Non, des tas de fois.
Je vais prendre rendez-vous avec un psychiatre. Ma bonne résolution de ce début d’année.
Parce que je veux que les choses changent. Et je sais qu’elles changeront. C’est juste une fausse croyance qui s’est installé dans mon cerveau. Je vais lui offrir une autre vision du monde.