Mes paupières s'alourdissent. J'écarquille mes yeux, je ne veux pas m'assoupir. Je contemple le plafond, la pièce est sombre, dans la pénombre je perçois des ombres. Un chien, un singe, quelques feuilles, une étoile d'un temps lointain. Mes jambes, mes membres, ma tête, tout mon corps cesse d'être, je ne le sens plus, je ne me sens plus. Mon cerveau, lui est vivant, je parle à moi même, je raisonne, je déblatère l'insensé, ma personne je maudit. Je la vois venir, elle est là, tapis dans le coin de la pièce, elle me regarde, un rictus au bout des lèvres, son visage s'éclaircie, la lune s'est invitée par les stries des persiennes, elle marque son passage sur les murs, effleure d'un coups tableaux, miroirs, horloge, mes pantoufles grises. Un bruit au dehors, les poubelles renversées, des chats sûrement, je sursaute. Un appel, qui est là? C'est ma fille qui vient, ses enfants l'accompagnent, elle arrive d'un long voyage. Elle a reçue la nouvelle. La pesanteur du temps, la lenteur des mouvements, la sonnette de la porte m'emporte vers les escaliers que je piétine, je traîne un fardeau, mes pas trépignent. Je tremble, ma main se crispe, on frappe de plus en plus fort. Un fracas, la fenêtre est brisé, quelqu'un entre et ouvre la porte de l'intérieur. Tout le monde se précipite. Papa! Papa! Grand père! Grand père! Je suis là! Je suis là! Ils s'en vont tous vers les escaliers. Mon bras au dessus de mon épaule, je fais signe en criant, sans écho mes paroles sont restées dans mon gosier. Éblouis, surpris, je compris.