A l’aube sur l’estran, gémit un gouvernail
D’un fier grand galion battant pavillon noir
Dont la mer violentée a ouvert les entrailles
En un ressac hurlant, féroce laminoir.
Dorénavant fantôme, son épave en les fonds
A jamais empalée, il hante les récifs
Perfides. Ses matelots sans bénédiction,
Méchants hères sans voix, scandent leurs cris plaintifs.
Loin de leur péninsule, leur cœur est morne.
Alizés bercez-les, faites-leur bon accueil !
Ils n’ont pas entendu du phare la corne
De brume résonnant par delà les écueils.
Un gouvernail saignait à l’aube dans les vents.
- Mais les siècles passant, les lichens de dentelle,
La houle maternelle ont effacé le sang,
Façonnant le safran en éternelle stèle.