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Je voulais écrire tout autre chose . Une farce amusante ou une comédie distrayante, mais l'écriture en a décidé autrement--- ''

 

 

(Légère comme une plume), elle marche sur les nuages à petits pas lents.

Quelque fois, elle s'allonge et ferme les yeux. Les rayons du soleil réchauffent sa peau un peu trop pâle. Doucement, elle se retourne et regarde vers le bas. Des larmes glissent sur ses joues creuses.

 

Glissent les larmes, tombe la pluie sur le petit village.

 

La vieille dame aux cheveux blancs se sentait bien affaiblie par une journée et une nuit sans sommeil. Elle avait pourtant suivi les conseils de son amie Charlotte.

- Tu mets quelques glaçons dans un sac en plastique et tu n'oublies pas de faire un nœud. Ensuite, tu enveloppes le sac dans une serviette éponge et tu l'appliques délicatement sur ta joue enflée.

- Hélas, le froid des glaçons ne suffit pas à calmer la douleur et la nuit fut interminable. Plusieurs fois elle se redressa dans son lit pour boire à la paille une gorgée de coca-cola. Son amie lui avait recommandé ce gazeux, qui lui permettrait de mieux digérer sa purée de pommes de terre carotte et son fromage blanc. Et peut-être aussi d'éviter les vomissements.

Pour la quatrième fois, elle se glissait de son lit, précieusement, pour aller aux toilettes. Passant devant la salle de bain, elle observait son visage dans la glace au-dessus du lavabo, surveillant un quelconque gonflement suspect. Puis revenait se coucher tirant le drap jusque sous son menton. Les yeux fermés, son visage se crispait sous la douleur qui enflammait sa gencive en bas à droite.

 

Elle avait déjà utilisé quatre gélules calmantes en une prise chacune à quatre heures d’intervalle. Ne supportant plus les élancements, elle décida d'avaler les deux dernières gélules en une seule fois.

Après quarante minutes à se retourner dans son lit elle finit par s’endormir. Réveillée à huit heures l'esprit un peu cotonneux (la tête dans les nuages), elle reprit une gélule avec un peu de coca, à la paille, pour calmer les nouveaux tiraillements. La vieille dame se leva et s'habilla pour sortir son petit chien.

Elle se refusait d'aller sur le parking de la résidence, bien plus proche, en passant par la porte de derrière du rez-de-chaussée. A causse de plusieurs chats errants, nourrie par de gentils locataires, qui attirait l'attention de son loulou qui ne pensait plus qu'à jouer au lieu de faire ses besoins. Ce qui l'obligea à un rapide tour du pâté de maisons. Petit pipi contre un poteau, petite crotte ramassée dans un sac et jeté à la poubelle.

Elle s'empressa de remonter chez elle au deuxième étage. En attendant son rendez-vous chez le dentiste à 11 heures trente, elle se recoucha la douleur légèrement moindre.

 

Le dentiste, calme et peu bavard, la fit s'installer sur le fauteuil qui lentement s'inclina jusqu'à être allongé.

Les doigts entrelacés sur son ventre, la vieille dame très angoissée, contrôlait sa respiration mais pas ses sourcils qui se fronçaient à chaque manipulation du dentiste. La dent gangrenée fut incisé, creusé, nettoyé, stérilisé et pansé.

- On se revoit dans une semaine pour tuer le nerf et garder la dent. Il faut absolument que vous commencez le traitement ce midi !

Petits pas pressés vers la pharmacie avant la fermeture, pour chercher l'antibiotique miracle à la pénicilline.

Elle qui vivait de grignotage devrait se forcer à manger plus consistant pour mieux digérer le médicament.

Pâtes aux légumes et vache qui rit suivit d'un bouillon de légumes et d'un fromage blanc. Beaucoup boire, facile à dire. Toujours un peu de coca-cola à la paille  pour digérer et au cours de la journée de l'eau parfumé d'un léger sirop de pamplemousse rose.

 

Sortir loulou vers 14 heures.

Enfin, s'allonger sur le canapé, entièrement rassurée d'être bientôt guérie, une semaine c'est vite passé. La télévision allumée en sourdine sur Arte, voyage au Caire. Un plaid posé sur elle et loulou étendu juste à côté (doux comme un agneau).

Par la fenêtre fermée, les rideaux ouverts sur le jardin de l'école primaire du village elle apercevait les deux derniers étages entre les arbres, les classes se situant au premier étage de l’établissement. Elle connaissait bien cette école, son petit-fils y avait été scolarisé , mais cette année il rentrait au collège , comme le temps passait trop vite .

 

La vieille dame ferma les yeux et s’endormit, le soleil filtrant à travers les carreaux.

 

 

- Thomas ! On passe à table dans un quart ‘heure.

Lance la maman à travers l’appartement. Le garçon joue à la nintendo avec son copain dans le salon. Tous les deux ont une douzaine d’année. Aurélien se lève et avance vers la fenêtre resté grande ouverte. L'air est encore doux en cette fin de septembre. Les oiseaux chantent sur les branches des hauts arbres du jardin de l’école. L'enfant baisse la tête et aperçoit un fusil de chasse, dans une malle ouverte sous la fenêtre. Il s'en saisit et fait semblant de tirer.

- Pan ! Pan !

Thomas le rejoint.

- On va faire ça pour de vrais, se sera plus marrant. Tient je te parie que je dégomme cette colombe perchée sur le sapin.

Il prend l'arme des mains de son copain, vise et tire, pour de vrais.

Première détonation, l'oiseau n'a pas bougé.

- A mon tour !

Aurélien prend une profonde inspiration, vise et tire, pour de vrais.

Deuxième détonation, le volatile est toujours là.

 

La maman se précipite dans le salon, se saisi du fusil et le dépose dans la malle quelle ferme à l'aide d'un cadenas codé.

- Aurélien tu t’en vas ! Thomas on réglera ça plus tard ! Vas te laver les mains, le dîner est prêt.

Les garçons se quittent sans un mot d'une poignée de main.

 

Un instant, la maman restée seule observe le jardin, les hauts arbres verdoyants et les oiseaux chantants sur les branches. Elle ferme la fenêtre et sort de la pièce.

Est-ce la mère qui est (bête comme ses pieds) d'avoir oublié de fermer le coffre ? Ou est-ce le père d'avoir oublié de décharger le fusil ? Ou est-ce les enfants de vouloir jouer au chasseur, comme si c'était vraiment un jeu, pour de vrais ?

 

 

La pluie tombe finement et un bel arc-en-ciel étend ses couleurs pastel sur la toile bleuté du ciel. Juste au-dessus de l'école et de la résidence où repose paisiblement la vieille dame, toujours allongée sur son canapé dans l'appartement silencieux.

Loulou gémit, lèche doucement la joue taché de sa maîtresse et pose sa tête sur son cou ridé (sage comme une image). Un  filet de sang glisse le long de la tempe de la vieille dame.

 

(Légère comme une plume), sur le nuage elle se relève et essuie ses larmes. Une brise vole dans ses courts cheveux blancs.

Tag(s) : #Textes des auteurs
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