Devant l'immensité du désert, du monde, il pousse un soupir de délice en étirant ses bras, ses mains jusqu'à ses doigts, couverts de taches noirâtres, témoins de son prompte endormissement de la veille.
L'air est si chaud qu'il s'en laisse caresser mais seulement quelques rayons de soleil transpercent le ciel, étonnement bas et voilé, et réussissent à se frayer un chemin dans la ramure du vieil olivier auprès duquel il s'est garé.
Il place le marchepied de façon à pouvoir descendre du camion vermillon qui lui sert de maison. Apres avoir emprunté, d'un pas léger, les deux marches le séparant du sol, il contourne l'engin pour déployer le auvent sur le côté.
Rentré dans le camion, il met de l'eau à bouillir pour le café, prend le grand chiffon, qui lui sert de tapis, son journal, un crayon et ressort.
Sous le auvent, sur le sol jonché de copeaux, il étend le tissu, s'asseoit en tailleur, le journal ouvert sur les cuisses, et commence à relater ses souvenirs des jours précédents. Entendant l'eau bouillir, il se relève précipitamment, rentre et ressort une nouvelle fois, sa tasse de café à la main.
À peine est-il sous l’auvent que de fines gouttes de pluie se mettent à tomber, entraînées vers lui par une légère brise, rafraîchissant l'atmosphère, réveillant peu à peu l'air paresseux.
Se rassoyant en tailleur, il ferme son journal, le pose, à ses côtés, sur le chiffon, et savoure, de tous ces sens, ce crachin qui lui rappelle vaguement son Nord natal.