Si j'étais toi, je foulerais le pays de mes pères, pour trouver notre maison
Elle serait en pierres, le soleil derrière les oliviers danserait tout autour
Je recouvrirais les murs d'une chaux blanche et ocre, aux couleurs du silence
Les fagots de figuier sec dans la réserve, je compterais le temps qui passe, et les fruits qui se rident
Je réchaufferais les pieds de ma femme, le soir à la flamme chantante
Je moudrais le café, lentement, parfumant ses matins de douceur
De l'eau du puits j'arroserais ses envies de fraîcheur, sa soif inextinguible
Je lui apporterais le premier agneau de printemps, tremblant de joie
Elle le tiendrait sur ses genoux, lui conterait son rêve de bonheur
Je lui raconterais comme il tête bien sa mère, pour la voir sourire, se craqueler devant tant d'innocence
Enfin, je la porterais jusqu'au grand champ, face à la vallée toujours bleue
C'est là qu'un jour elle veut partir
Laisser là les chagrins, cette mélancolie, cette trop lourde nostalgie
S'enfuir dans les nuages où se dessinent les visages
Les traits inconnus, disparus, de son cœur exilé
Si j'étais toi, mon petit mari
J'écouterais la voix muette de mes yeux sombres
Les notes sourdes de mes doigts immobiles
Le chant de mes mots solitaires
Infini