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Je décidai de passer de l’autre côté du miroir....  Je n’avais plus rien à perdre. Il fallait faire vite et de toute façon, je n’avais pas le choix.

Je trouvais pourtant cette idée totalement débile, absolument irrationnelle pour le scientifique que j’étais. Les instructions toutefois, avaient été très claires : « en cas d’échec, passez de l’autre côté du miroir ».

 

Tout était allé trop vite, la science m’avait dépassée. Le programme de clonage que m’avait confié le gouvernement avait été une lamentable expérience : j’avais créé des monstres à tuer qui avaient proliféré entre eux, et pour une raison que j’ignore toujours, avaient fini par détruire les ¾ de la planète. Le reste de la population encore en vie allait inéluctablement connaître le même sort, dans les prochaines heures.

Moi-même, j’étais le seul de mon équipe à avoir résisté à l’invasion des clones, caché dans mon bunker à regarder périr la civilisation depuis mes écrans vidéos.

Des années de sacrifice personnel pour en arriver là... J’avais 57 ans, dont 30 passés au service de Dame Science.  Aucune vie de famille, aucun écart. Juste des éprouvettes, de l’ADN et quelques formules scientifiques... voilà le désastre que j’avais créé !

 

Qu’allais-je trouver de l’autre côté du miroir, si tenté qu’on puisse passer au travers d’un miroir ! Il fallait bien que mes convictions soient totalement ébranlées pour que je m’autorise cette stupidité !

C’était un miroir étrange, intégré dans le mur du bunker, je passais des heures à le regarder, je ne savais ni qui l’avait construit, ni si je pouvais le franchir.

A priori, je n’avais rien à perdre. J’étais seul, personne ne pouvait donc se moquer d’un scientifique tentant de passer au travers d’un miroir ! Et même si il y avait des caméras cachées, les gens pourraient penser que j’avais juste bu un coup de trop et que l’idée m’était venue sans doute de passer à travers ! Qu’est ce que je risquais ?

Rien, si ce n’est une énorme bosse sur le front ! Mais, vu l’état de la situation extérieure, ce ne serait pas dramatique !

Fort de ces encouragements intérieurs, je levai la jambe droite et l’approchai du miroir. Au contact de la glace, je fus éjecté de l’autre côté, dans un monde désertique, pierreux, me retrouvant seul et totalement perdu... En me retournant, je ne vis pas le miroir, il avait disparu... Je ne pouvais donc pas revenir en arrière. Le scientifique que j’avais été dans un autre temps était désormais totalement déboussolé. J’avais l’impression d’être passé dans un autre monde, une sorte de monde parallèle... Toutes ces années d’étude, de colloques, et de recherches ne m’avaient rien apportées. J’étais incapable de comprendre ce qu’il m’arrivait. La seule chose que je savais, c’était que ma mémoire était restée intacte et mon futur, à réinventer...

Des millions de questions restaient en suspens. Etais-je seul dans ce monde, y avait-il une civilisation ? Que se cachait-il derrière ces montagnes de pierres que j’apercevais au loin ? Le décor qui s’offrait à mes yeux ressemblait plus à un désert de l’Arizona qu’à un oasis de paix. J’étais comme un gosse abandonné au bord d’une route. Tout cela n’avait aucune signification pour moi. J’avais tellement passé de temps à faire un état des lieux détaillé de ce que je voyais autour de moi que je ne m’aperçus même pas tout de suite que je ne portais plus ma blouse blanche de scientifique mais un espèce de pagne autour de la taille ! Ma montre avait disparu également. J’étais devenu un simple homme, et je n’avais même plus de miroir pour voir si physiquement j’avais changé.

Je restai là, un moment, agenouillé à terre, perdu dans mes pensées.

Je ne sais combien de temps cela a duré, mais ce que je sais, c’est que lorsque je rouvris les yeux, je compris alors que j’avais utilisé la science à des fins peu glorieuses et que ce miroir était une chance pour moi de me racheter dans un nouveau monde et de recommencer l’Histoire sur de meilleures bases.

 

Je repensais au passé, à ce monde qui m’avait vu naître et que j’avais tué... Je savais au fond de moi que je ne le reverrais plus jamais.

Tag(s) : #Textes des auteurs
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