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Elle lisait dans ses yeux l'aveu d'un amour qu'il n'exprimerait jamais.

Serge ne pouvait pas, non, Serge ne savait pas comment faire?

Rien ne se passait jamais comme il le souhaitait.

Il ne saurait pas parler, il ne pourrait pas lui dire ce qu'il ressentait jamais, car il connaissait la valeur des mots, la force du verbe. 

Une fois dit, cet amour grandirait, grandirait et qui sait s'il saurait le maîtriser et il fallait qu'il se maîtrise, il le fallait.

 

Serge était marié et bien marié. Clara, sa femme, tout le monde la connaissait, même celle qui lisait dans ses yeux, surtout elle. Les deux femmes se fréquentaient.

Quelle histoire ! Il aimait l'impossible. Cette femme était l'impossible. Elle était seule, il le savait. Cela s'entendait lorsqu'elle parlait. Une femme seule qui parle avec des mots qui arrachent le coeur. Une femme seule avec un enfant.

 

A la mort de sa tante, au cimetière, elle s'est trouvée juste à côté de lui. Avec sa main, elle l'a touché, puis elle l'a embrassé comme elle a embrassé son oncle lors des condoléances. Ne voyait-elle pas qu'il n'était pas son oncle? Elle ne pouvait pas l'embrasser comme les autres, elle ne devait pas, elle ne devait pas faire cela.

Mais elle l'a fait. S' il avait pu, il l'aurait tuée.

 

Egoîstement, il voulait qu'elle reste seule, il le voulait. Personne ne devait approcher cette femme, personne. Lui seul savait qu'il l'aimait. Il l'aimait comme un fou. A qui le dire? Et qui l'entendrait? Cet Amour le rongeait.

Parfois, il se croyait libéré. Il n'y pensait plus, plongé dans ses activités, surmené. Il n'y songeait plus. Il se sentait tout à coup libre et dans les bras de Clara, il s'endormait, enfin ! 

 

Il savait qu'il la reverrait, il le savait. Chaque fois, il espérait que son coeur s'arrête de battre la chamade, que la nuit éteigne sa flamme. Il espérait, inutilement car chaque fois c'était encore plus violent. La tête lui tournait.

 

Un jour, lorsque leurs regards se sont croisés, il fut pris de vertiges et quand il entendit sa voix, il se mit à pleurer. Clara ne put jamais le consoler.

C'est à ce moment là qu'elle se mit à penser qu'il la trompait. Elle se mit à l'observer, à l'épier. Qui était cette femme qui le faisait pleurer ? Elle le questionnait, mais rien, rien ne sortait. Il niait. Clara insistait pour dire qu'elle se savait trompée "Oui avec une telle qu'elle connaissait !". Elle avait découvert l'amour secret.

Pourtant, il ne s'était rien passé, rien. C'est ce qu'il disait. Serge ne l'avait même pas touchée, il ne lui avait même pas parlé, c'est ce qu'il répétait.

Dès qu'il l'apercevait, c'est vrai, quelque chose vibrait, quelque chose qui le bouleversait et Clara le sentait, elle en souffrait. 

 

Cela ne pouvait pas durer. Il fallait avouer. La prochaine fois, il  dirait la vérité. La prochaine fois, il l'embrasserait et tout se dissiperait.

Mais rien ne se passait jamais comme il le souhaitait.

Arrivée devant elle, il resta bouche bée. Elle était belle, encore plus belle qu'il ne pouvait imaginer. Ses yeux mis clos qui souriaient,  cette voix qui l'enchantait, son odeur, oh son odeur !  Il respirait son odeur qui l'enivrait. Il n'a pas pu parler.

 

Ce qu'il a fait ? Jusqu'à présent, il ne peut l'expliquer. Tout ce qu'il peut dire c'est qu'il se sentit tout à coup libéré, lorsque d'une main assurée, sans manifester plus d'émotions qu'aux funérailles de sa tante, il lui braya le cou.

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