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Le Père Noël est en difficulté….

Le Père Noël avait beau chercher et rechercher dans son escarcelle, avec une constance proche de l’obsession : il manquait un cadeau !

—    Pas grave… marmonna son renne de tête.

—    Comment ça, pas grave ?! Te rends-tu compte de ce que tu dis l’ami ?! hurla le Père Noël. Autant faire grève tout de suite si je ne suis pas capable de tenir mes promesses ! As-tu pensé à cette pauvre fillette ? Comment ! Comment avons-nous pu égarer son cadeau ?? Cela n’est jamais arrivé en un siècle de bons et loyaux services !

Le vieux renne baissa la tête. Il savait bien qu’il n’aurait jamais raison de l’humeur du Père Noël qui, c’est bien connu, a la colère aussi facile qu’il a le cœur sur la main.

Retourner sur leur étoile était chose impensable, le temps leur manquait. La situation s’avérait inextricable.

—    Il faudrait l’intervention d’un Lutin ou de je ne sais quelle Fée ! se désolait le Père Noël. Ah ! Que n’ai-je continué à fréquenter ces gens-là ! Comme je m’en veux ! Comme je m’en veux !

—    Voilà ce que c’est que de vouloir tout faire par soi-même, mouais, mouais… osa encore ronchonner dans sa barbe le fidèle animal.

Mais sa grande surprise le Père Noël ne se mit pas en colère.

«  Ma parole, il pleure ? » réalisa soudainement la brave bête.

En effet, de grosses larmes roulaient sur les joues du Père Noël. Elles se cristallisèrent immédiatement en fins cristaux de neige qui se mirent à briller comme des perles sur les poils de sa longue barbe blanche.

C’est alors que dans les perles des larmes du Père Noël, des couleurs se mirent à danser et – pas de doute ! - des petits personnages apparurent, roses, verts, jaunes et bleus ! Des lutins, des fées, des elfes, des feux-follets, toutes sortes d’esprits des forêts, des eaux et des roches s’échappaient en dansant de la barbe du Père Noël !

—    ça alors ! brâmèrent tous ensemble, du plus vieux au plus jeune, l’attelage des rennes.

Et ce fut une sérénade absolument magnifique, quoique fort drôle ! Les Esprits Féeriques ne se privèrent pas, d’ailleurs, de rire de bon cœur ! Et même le père noël finit par montrer les quelques dents qui lui restaient – bref, de sourire à travers ses larmes...

—    Tu nous as appelé ? demanda enfin le plus âgé des Lutins. Comme tu vois, nous avons laissé notre rancune au vestiaire, et nous voici ! Je m’appelle Solstice, et je suis à ton service ! ajouta-t-il en s'inclinant profondément

— Et ça rime : "solstice, service" ! ricana un petit Elfe bleu qui tournoyait autour de la tête du Père noël en le chatouillant de ses ailes.

Le Père Noël se grattait la gorge, visiblement très gêné. Il est parfois tellement plus difficile de recevoir le pardon que de l’accorder…

Mais au diable l’orgueil, les remords et leur cortège de tristesse ! L’heure était grave ! Le sort de la fillette lui semblait à cet instant infiniment plus important, il se dépêcha alors de raconter sa mésaventure.

Un silence pesant accueillit la nouvelle. Le temps semblait s’être arrêté. Tout ce petit monde féerique réfléchissait. Chacun à sa façon, les Génies des eaux, des roches et des forêts tournaient et retournaient la question dans tous les sens…

Soudain, les douze coups de l’horloge céleste sonnèrent. Alors, sans ajouter un mot, telle une nuée d’oiseaux nocturnes, les Esprits colorés s’évanouirent - qui dans les airs, qui parmi les restes d’un fagot décimés ça et là, qui dans les cailloux du chemin, et les autres dans les maigres flaques qu’ils purent trouver…

Le Père Noël resta concerné. Il eut le sentiment que le canevas qu’il venait de tisser dans son cœur se défaisait instantanément sous ses yeux, toute couleur estompée, tout espoir envolé pour toujours !

Mais le temps pressait plus que jamais. Il ne lui restait que la moitié de la nuit pour faire sa distribution, et toujours pas de solution concernant le cadeau manquant. Sans conviction, il fouetta ses rennes, les yeux complètement secs à présent car, c’est bien connu, trop de chagrin gèlent les larmes...

Le Père Noël contemplait à présent son escarcelle vide. Tout s’était bien passé, les cheminées s'étaient avéré fort propres, comme chaque année et, comme chaque année, tous les enfants auraient bien leur cadeau.

Tous, sauf… une !

Le vieux renne avait depuis longtemps cessé de maugréer, et même de penser... Parfois, c’est la meilleure solution, pas vrai ?

Il bombait légèrement le dos, en attente de quelque chose, sagement blotti contre ses congénères.

Srcutant le ciel, le Père Noël était, lui aussi, en tattente de quelque chose. Malgré son attitude abattue, au fond de lui il ne parvenait pas à perdre totalement espoir. Si les Esprits avaient pris la peine de répondre à son appel, et ainsi de lui accorder leur pardon, ils n’allaient pas le laisser tomber maintenant ! Non, ce n’est pas dans les habitudes du Monde Féerique de baisser ainsi les bras !

Que faire ? Le ciel s’éclaircissait maintenant, l’aube montrait déjà le bout de son nez, et pour bien connaître les enfants, le Père Noël savait que ceux-ci n’allaient pas tarder à se lever, en cachette de leurs parents, pour aller fureter sous le sapin…

—    Oooh ! Bêlèrent soudain tous ensemble les rennes du Père Noël. Chouette ! Il neige !!

En effet, une myriade d’étoiles blanches tombait à présent sur le dos des rennes qui s’ébrouaient d’aise. Depuis le temps qu’il ne neigeait plus à Noël, quel plaisir !! Le Père Noël lui-même se sentit submergé par une joie toute enfantine ! Encore une fois, la magie de la neige opérait : un signe de bon augure, une espérance de bonheur qu’il pouvait toucher du bout des doigts aussi surement que ces légers flocons qui pleuvaient doucement du ciel.

Soudain, il frissonna ! En se déposant dans ses mains, les flocons se métamorphosèrent en autant de friandises merveilleuses aux couleurs féeriques, bleues, verts, jaunes et rouges, qu’il reconnut parfaitement comme celles des fidèles petits Esprits magiques !

—    Oooh, merci maman ! entendit-on crier du dernier étage de la plus haute tour d’un quartier de banlieue.

La femme se leva en sursaut et rejoignit en courant son enfant dans la salle à manger. La petite fille se tenait debout devant la plante qu’elles avaient décorée ensemble la veille avec les guirlandes et les boules des années précédentes.

—    Ma chérie ! s’exclama la mère en serrant très fort sa fille dans les bras. Tu es contente malgré tout ?

—    Oh oui maman ! Tu peux pas savoir…Et en plus, t'as vu ? Il neige !!

—    Mais, mais…et le cadeau que tu avais commandé au Père Noël ?

— Tu sais bien que je ne crois plus au Père Noël depuis longtemps ! répliqua en riant la fillette. J’étais tellement sure qu’il n’y aurait rien cette année… Oh maman, tu as quand même trouvé de quoi m’acheter tous ces petits paquets de sucre-d’orge de toutes les couleurs… C’est si joli !!

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