Elle décida de passer de l’autre côté du miroir
Ce côté qu’elle ne connaissait plus
Vivant depuis si longtemps dans ce côté illusoire
Où elle s’était perdue
Elle avait oublié ce qu’était l’amour
Elle ne savait plus dire je t’aime
Ayant renié tous les discours
Faisant partie du même poème
Elle avait été souillée tant de fois
Et, tant de fois, elle avait payé de son corps
Mais, derrière elle, tant d’autres suivaient ses pas
Qu’elle en oubliait les remords
Elle avait aimé pour des caresses
Elle avait donné pour y avoir cru
Elle avait pleuré pour des promesses
Qui, déjà, n’existaient plus
Elle avait vendu son corps au mieux payant
Elle avait renié son âme pour quelques sous
Elle avait rendu ses roses, ses printemps
Un peu comme on rend un rêve un peu trop fou
Elle avait perdu son sang, elle avait perdu son cœur
En elle, ne coulaient plus que pêchés
Elle voulait retrouver l’odeur d’une fleur
Elle ne trouvait plus qu'impuretés
Elle avait vendu son âme, elle passait son tour
A celles qui, après elle, seraient apprivoisées
A celles qui, encore et toujours
Se brisent les ailes de trop aimer
Par des allures un peu trop mâles
Elles seront hypnotisées
Par des hommes aux mains trop sales
Qui les détruiront à jamais
Croyez-vous pouvoir comprendre
Vous qui êtes tâchés d’hypocrisie
Vous qui la voyiez se vendre
A tous ces oiseaux de nuit
Pour quelques sous, elle sentait son ventre se serrer
Pour un sourire, elle fermait ses yeux remplis de honte
Elle ouvrait ses jambes à d’autres pour le garder
En enfouissant au fond d’elle son visage immonde
La prostituée
Elle serrait les poings devant la honte
Elle chialait en tendant les mains
« entrée libre » à tout le monde
offrant son ventre avec tant de chagrin
Elle avait connu l’enfer des hôtels sordides
Et des étreintes entre deux draps
Brûlant sa chair sous un ciel torride
Brûlant son cœur déjà trop froid
Elle avait renié son passé pour suivre son chemin
Si pleine de confiance, d’amour, d’abandon
Bafouant son père, sa mère et son destin
Pour suivre quelques illusions
Ces illusions auxquelles elle a tant cru
et qui ne sont plus aujourd'hui que regrets
et si elle rêvait encore que rien n'était perdu
elle savait au fond d’elle-même qu’elle ne le reverrait jamais...