Samedi 4 novembre 2006
Aujourd’hui, nous avons eu la visite des policiers pour mettre un terme à une bagarre. Le proviseur adjoint avait tenté en vain de s’interposer pour maîtriser l’échauffourée mais devant l’avalanche de coups reçus en retour, les forces de l’ordre ont été appelées en renfort.
Elles ont été accueillies à jets de pierre. " Si c’est pas ça la vraie vie bien dure" !
Bon ! Rassurez vous ! Moi, j’étais bien au chaud derrière la porte d’une étude surchargée avec quarante élèves de quatrième remontés " à donffe " comme ils disent et qui " se traitaient les uns les autres " (comprenez insulter). Ils n’étaient pas contents du tout car normalement " ils quittent " à 15 heures 30 (comprenez sortir du collège). Je ne sais pas si je réussis à leur apprendre quelque chose, mais moi, je pense être en mesure de publier un dictionnaire d’argot banlieusard l’année prochaine.
En dernière heure, j’ai eu également cinquante élèves de sixième. Des petits bébés penserez vous ! Moi, je dirais plutôt des petits gremlins ! À méditer ! À méditer aussi, ou pas, bien à l’abri derrière nos portes fermées à clef, sur le premier anniversaire des évènements de banlieues qui arrive bientôt et qui déjà se fait sentir à Bondy, publicité médiatique oblige !
Demain, changement de décor : je vais en cours à la Sorbonne. Pour franchir la porte de cet établissement d’élite, je range mon fouet, sors mes petits souliers vernis, mes bijoux qui brillent et surtout ne dis plus un mot pour reposer ma voix qui ne va pas tenir longtemps à ce rythme.
Voilà en quelques mots, ma petite vie bien rangée et tranquille à Paris. Soit dit en passant, c’est une expérience irremplaçable et très motivante pour une future enseignante même s’il est particulièrement éprouvant moralement et physiquement de tenir face à ces jeunes laissés derrière la porte.