Voleras-tu ce soir, fol oiseau de passage
Voleras-tu Phénix mourant, mouvant Espoir, dans mes orages ?
Viens hanter de ton vol mes intimes naufrages,
Traverse de tes cris mes gouffres entrouverts :
Car je suis cataracte et non plus marécage,
Mes rages sont offertes, mes yeux grands ouverts.
Pénètre ma tempête, électrique carnage
De rêves moribonds, de livides folies.
Flottant, fragments épars de fracassants ravages,
Surnagent éployés les cheveux d’Ophélie.
En leurs fins réseaux blonds, serrés comme une nasse,
S’irisent palpitants des désirs frémissants
Que la vague caresse, quand l’orage s’espace…
Viens y poser ton aile, Phénix incandescent.
Oh je n’espère pas, car je te sais volage,
Fuite virevolte et caprice de vent,
Que tu fasses ton nid sur mes âpres rivages :
L’Espoir désinvolte ne se pose pas souvent.
Pour un instant du moins habite mon éveil