Ce matin bleu de printemps, sous un soleil naissant qui commençait à peine à réchauffer l’air, je décidai de me rendre à l’improviste chez un ami de longue date.
Je m’inquiétais à son sujet, car cela faisait plus d’un mois qu’il ne venait pas à la bibliothèque municipal échanger des livres et assister à la réunion qu’on y tenait chaque fin de semaine.
Quand j’arrivai devant chez lui et je frappais à la porte d’entrée, par bonne fortune, c’est lui qui m’a ouvert ; j’avoue que j’étais surpris par sa bonne mine, il semblait avoir un peu embelli tellement qu’il ne sortait que rarement.
Il m’apprit qu’on lui avait changé de poste travail, maintenant, il travaillait la nuit. Le matin quand il rentrait tout fatigué, il dormait sinon il ne sortait que pour quelques minutes faire ses commissions et revenait très vite.
Dans sa chambre un peu défaite, je trouvai des cd d’ancienne musique des années70, éparpillés ça et là.
Je souris à la pensée qu’il avait les mêmes goûts que moi. Je suis resté seulement quelques minutes le temps d’écouter une belle chanson de BREL que j’aimais, et que j’ai appris par cœur mais le hic, je ne l’ai jamais comprise tellement le vocabulaire des mots de ses vers était trop dosé, si profond et à méditer comme des charades.
Pendant que je m’apprêtais a sortir, juste au moment où il me remerciait de ma visite en me serrant la main, il me dit d’un air gentil:
- Prends le cd si tu veux l’écouter à tête reposée.
Je lui répondis un peu timidement avec un nœud dans la gorge que ce n’était pas possible : depuis la reconversion de mon père à l’islam, on n’écoute plus de musique à la maison, c’est banni par certains théologiens qui confirment qu’elle distrait et nous prend le temps qu’on devrait consacrer à l’idolâtrie du miséricordieux.
Il me répondit qu’il ne gobait pas ma réponse qu'il trouvait sans fondement à ses yeux.
Pour éviter de polémiquer –car je sentais que notre conversation allait tourner au vinaigre-je lui répondis qu’on en reparlerait plus amplement un jour.
Dans la rue, un zéphyr comme une brise de mer me chatouilla au visage. Pendant que je marchais, j’étais absorbé dans mes pensées, je songeais à mon père que je trouvais un peu lâche et hypocrite…après son anathème inavoué à personne, il s’ était reconverti sans jamais s’en repentir. Je considérais ce n’est pas de bonne foi qu’il a embrassé la religion de l’islam ou qu’il était un vrai ignare. Oui effectivement c’était une personne qui n’a jamais aimé les études, la seule issue facile pour s’enrichir était de cultiver des pommiers, et le voila aujourd’hui pomiculteur comme il rêvait de l'être.
Arrivé à hauteur d’un petit jardin, je me suis arrêté pour me reposer quelques minutes , Non loin de moi,des enfants jetaient un tourniquet en forme de disque dans le ciel :je me plaisais au spectacle.