De ne pas avoir suivi mon instinct, de ne pas m’être fait confiance, je suis devenue transparente.
Frappez moi ! Je ne sens plus rien. Il vous fallait un coupable et j’étais là, disponible, gentille, à l’écoute…prête à endosser cette culpabilité que vous ne pouviez assumer.
Elle vous chatouillait trop les pores de votre peau, vous vous grattiez à vous en écorcher les chairs, vous en dévêtir comme mue de serpents, et la bazarder aux ordures, à la première poubelle que vous croisiez !
Les hommes ont jeté sur moi leur anathème. Ils ne veulent plus de moi.
Ils ont raison, c’est ma faute si je n’ai pas voulu me fondre dans le moule, si je n’ai pas voulu courber l’échine.
Tout cela devait rester comme un honteux secret, caché, inavoué, masqué d’un sourire blafard où vous ne preniez le temps de ne voir que l’arc.
Et dans mes yeux, n’avez-vous pas vu toute la désolation du monde portée par une seule âme ? A qui l’on a rien demandé. Mes yeux trop secs pour pleurer, la sève lacrymale les a désertés, enfuie aussi.
Le sang est là qui coule dans la tubulure de mes veines. Ruisseaux bleus d’une vie qui s’écoule par habitude. Y puiser l’encre pour écrire ma vérité. Parsemer de mots infâmes un tas de pages blanches. Les salir comme vous avez maculé mon innocence.
Ecraser les ponctuations comme vous avez écrabouillé mes espérances. Gribouiller puisqu’il faut tout camoufler !
La lassitude me pèse, un fardeau bien trop lourd pour mes frêles épaules.
O Zéphyr ! Viendras-tu alléger ma peine, mettre du vent dans ma tête, l’aérer de ton tourniquet d’oxygène ?
Retrouver mon enfance bafouée, et rire aux onomatopées de nos charades ! Le goût doucereux des fruits sauvages remplacera la fadeur qui a envahit ma bouche. L’acidité du vinaigre qui me donne la nausée !
Je n’ai pas su suffisamment doser mon amour. J’ai aimé à plus soif, gobant tout, le bon comme le mauvais, offrant de moi l’intégrité, le meilleur comme le pire ;
Aimer jusqu’à la lie. Absorber jusqu’à l’écoeurement. Régurgitations qui signent la fin de notre entente.
Il a toujours été improbable que j’aime toujours. Je ne suis pas capable d’un tel sacrifice.
Cet accord était tacite. Nous le savions tous, sauf qu’il ne devait pas franchir le sceau de nos lèvres.
Il a franchit les orifices de mon corps, par là d’où il pouvait s’échapper : larmes dégoulinant sur mes joues, nœud d’angoisse étouffant mon thorax, disque de douleurs encerclant mon crâne…
Je vous ai craché ma haine. Vous l’avez écouté mais n’avez pas pu l’entendre, aveugle de vos propres considérations futiles.
Assez ! Laissez-moi me reconvertir en troglodyte des cavernes de mes souffrances intemporelles. Je serai seul maître. Survivre comme je le pourrai, du mieux que je le pourrai, tout à l’image de ce que vous avez fait avec moi.
Comme le mauvais « pomiculteur » à la main rouge, je laisserai pourrir les fruits sur l’arbre de vos préjugés. Vous pourrez hurler au miséricordieux de mon acte, je serai myope à vos cris !