C’était les vacances. Du premier étage de la belle bâtisse en pierre où elle avait emménagé avec ses parents il y a quelques années, Magalie contemplait la campagne environnante.
Le doux zéphyr s’engouffrant par la fenêtre l’enveloppa, elle frissonna sous les chatouilles de ce vent d’ouest, doux et agréable.
La petite fille s’ennuyait. La journée avait été longue, elle avait joué aux charades puis pour se dégourdir les jambes et s’aérer l’esprit, elle avait voulu faire de la balançoire avec le petit voisin mais les tubulures du tourniquet n’avaient pas été réparées, cela l’avait rendu furieuse et Hugo était rentré chez lui. Le dessin l’avait alors tenté. Elle avait essayé, tant bien que mal, de gribouiller le paysage qui s’offrait à elle et elle avait gardé une esquisse pour en faire cadeau à sa mère à son retour des courses.
Ensuite, en tant que future danseuse étoile, elle avait décidé de répéter quelques pas de danse. C’est là que la catastrophe était arrivée.
Ses pensées s’envolèrent au gré de la brise légère. Magalie attendait avec anxiété le retour de son père. Peut-être devrait- elle lui écrire une lettre, une belle lettre à l’encre bleue pour lui demander pardon.
Il n’était guère miséricordieux d’ordinaire et cette bêtise inavouée au repas de midi allait lui valoir un sérieux anathème, elle en avait des nœuds à l’estomac.
Antoine, pomiculteur, avait réussi une reconversion pour le moins inattendue. Ingénieur dans une grande société parisienne, il avait quitté sans état d’âme une vie stressante de cadre supérieur pour réaliser un rêve d’enfant. Quelques économies et un héritage bienvenu lui avaient permis de s’installer dans ce petit village. Il était heureux au milieu de ses pommiers et avait ajouté à son activité, la fabrication de cidre et de vinaigre de cidre. Celui-ci lui avait posé quelques problèmes. En effet, il fallait doser avec subtilité les divers ingrédients pour obtenir une mère de vinaigre de qualité. Son cidre était fort apprécié des touristes, son goût délicat et doucereux plaisait. Il avait fait le bon choix, il était heureux.
Magalie aperçut son père qui rentrait des champs. La petite fille sourit, elle aimait se faire peur, son rêve l’avait emmené loin, très loin, sur une autre planète. Son papa était la crème des papas, elle courut à sa rencontre. Même si elle avait rayé son disque préféré, elle savait qu’avec un baiser et son sourire enjôleur, elle aurait droit à sa clémence, il l’aimait tant !