Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

C’était une nuit d’un noir d’encre, des nuages bas plombaient le ciel et un zéphyr doucereux promenait des vagues de brouillard sur les vergers alentours.

 

Un petit homme bleu émergea soudain d’un enchevêtrement de tubulures de cristal et d’acier. Il enjamba un tourniquet scintillant et traversa d’un pas conquérant, la passerelle de l’engin.

 

Les hommes bleus nous connaissions tous ! C’est la couleur de leur chèche déteignant parfois  sur leur peau qui les qualifiait ainsi. Les touaregs du Mali, les caravanes de dromadaires, tous ces guerriers des sables tannés par l’écrasant soleil du désert, faisaient rêver jadis, les petits normands que nous étions. Mais cet homme bleu descendu de l’espace était bleu de peau, je ne dis pas bleu des pieds à la tête, mais bleu, partout ou il y avait de la peau !

 

Quand à son véhicule de l’espace, il trouait les ténèbres d’une lumière cabalistique et crachait des éclairs multicolores et parfumés au jasmin. Les anciens l’auraient appelé soucoupe volante ! Les plus érudits, objet volant non identifié et les linguistes UFO.

Une chose était certaine, quel que soit le nom qu’on lui donnait, ce monumental disque d’or posé au milieu du verger du père PANDOU venait manifestement  d’une autre planète !

 

Le petit homme bleu n’était plus seul maintenant, une kyrielle d’acolytes le suivait docilement, à la queue leu leu. Ceux-là étaient jaunes et semblaient totalement soumis à la petite silhouette couleur azur. Il émanait de ce leader une autorité sereine, il semblait concentré et réfléchi. Il se mettait parfois à gribouiller à l’aide de l’unique doigt de son unique main d’innombrables informations sur une plaque de marbre noir qu’il portait autour de ce qui semblait être un cou ! Difficile à dire puisqu’il n’y avait point de tête au bout !

 

Si l’engin de l’au-delà et ses occupants sans tête mais haut en couleur en venaient à ravager les vergers du Père PANDU, ce dernier aurait à coup sur « des nœuds dans la boyasse ! » accompagnés de « chatouilles jusque dans les fouilles ! » En ce qui concerne ce dernier terme, il n’est pas rigoureusement le même que celui utilisé par PANDU mais il convient de rester correct en relatant les faits. PANDU avait le verbe haut, une vocation de comédien inavouée et s’exprimait la plupart du temps en bons mots, charades, contrepétries ringardes et plaisanteries douteuses.

 

Comme vous l’avez compris, PANDU était pomiculteur dans ce beau département du Calvados, il n’était pas d’ici affirmaient les autochtones, mais il avait effectué une improbable reconversion, passant de la vente de scoubidous parisiens à la culture et au négoce de pommes normandes.

 

Parlons-en un peu des pommes du père PANDU ! Acres, acides, surettes, aigres, piquantes et souvent piquées, immangeables ! Si vous plantiez vos dents par mégarde dans un de ces fruits vous passiez trois mois en soins orthodontiques intensifs ! A ma connaissance, Les pommes de PANDU  n’étaient achetées que par des fabricants de vinaigre et d’alcool à brûler. A la belle saison quelques innocents touristes pouvaient s’y intéresser ainsi que certains pervers masochistes, qui eux, s’en régalaient en grinçant des dents.

 

Rendons justice tout de même à notre pomiculteur, il était beau parleur, il avait le don du boniment dans la peau, le ton doucereux et persuasif du marchand, il savait utiliser ses atouts, doser la force argumentaire et la douceur persuasive. Mécréant comme le diable, il jetterait l’anathème sur ces extra-terrestres ! Tel que je le connais il en ferait de la patouille à canard du vert le plus réussi si les bonhommes sans tête s’en prenaient à ses pommiers !

 

VICTOR s’éveilla au petit matin dans le fossé qui jouxtait le verger de PANDU.

Affirmer qu’il avait une gueule de bois c’était peu dire… tronche en béton armée conviendrait mieux. Il contempla le ciel limpide au dessus de sa tête et pria un instant pour qu’un être supérieur et miséricordieux le délivre de sa migraine, lui fasse oublier son vilain rêve d’OVNI et Cie et pour que sa PAULETTE l’accueille gentiment sous la couette, malgré la grosse cuite qu’il s’était pris au « café de LULU ».

Tag(s) : #Textes des auteurs
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :