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Je l'aimais follement. De façon irrépressible. Il ne lui avait fallu qu'une soirée pour me faire tomber dans ses bras. Dès le premier soir, je m'étais laissé envahir par ce désir indescriptible. L'espace d'un regard, je m'étais laissé envoûter. Jamais je n'avais ressenti impression aussi forte. Une pulsion si animale me dévorait les entrailles que rien ne pouvait apaiser. Ça me brûlait dans tout le corps et cette sensation me plaisait au-delà du rationnel. Je devais obéir à mon désir. Il fallait que je m'embrase. Ne plus attendre. Me jeter dans le feu et me livrer tout entière à cette obsession.

Face à cet homme, j'étais devenue tour à tour fragile et forte à la fois. Il avait un tel pouvoir sur moi que mes sens prenaient peu à peu le pas sur ma raison. Je n'envisageais rien d'autre que de lui succomber, mon corps tendu vers le sien, mon repos dépendant du sien. J'attendais notre rendez-vous hebdomadaire comme une héroïnomane en manque de son shoot. C'est ainsi que nous nous retrouvions comme deux amants assoiffés.

Ne pas pouvoir le toucher durant ces longues et cruelles journées rendait mon désir plus intense encore. Mon attente décuplait. Mon plaisir me rongeait. J'étais mordue, insatiable. Je voulais tout et tout de suite ! Je le savais, notre union serait brève et je voulais en jouir le plus intensément possible. Nos corps à corps pourtant des plus fiévreux ne parvenaient jamais à totalement nous rassasier. Cette soif d'amour inextinguible était aussi forte qu'une nausée et je trouvais dans les caresses que me prodiguait mon amant une douce et fulgurante jouissance dont j'étais devenue dépendante. Plus rien ne comptait que cet élan qu'il fallait assouvir. A tout prix et immédiatement. Entre nous c'était fort, c'était beau !

Semaine après semaine, je l'aimais de plus en plus fort. Une rage animale m'animait sans que je puisse y faire grand-chose. J'aurais aimé le dévorer tant je ne savais que faire de ce désir qui me submergeait chaque jour un peu plus. Ce désir s'était emparé de mon corps et j'en étais devenue l'esclave. Mon corps réclamait sa dose quotidienne. Mais pour apaiser mes ardeurs, je devais attendre chaque semaine notre rendez-vous.

Après une semaine d'une attente inhumaine, je pouvais enfin le couvrir de baisers et de caresses. L'escalade de nos retrouvailles était chaque fois plus puissante. Ce soir, nous allions une nouvelle fois communier. Notre appétit l'un pour l'autre avait atteint son apogée.

Alors que je m'enivrais de son odeur et que des sensations de picotement me parcouraient l'échine, je me retournai d'un geste brusque et lui labourai le dos puis les joues de mes ongles, faisant couler des dizaines de perles de sang le long de son corps. Pris dans nos ébats amoureux, nous ne cessions de nous enlacer, nous embrassant goulûment. Nous roulions l'un l'autre dans ce sang qui s'étalait comme un funeste présage dans les draps blancs, dans ce lit où notre amour se jouait.

Aveuglée par cette jouissance nouvelle, je continuais à le labourer plus profondément encore, prenant de plus en plus de plaisir, savourant ces instants privilégiés qu'aucun autre homme n'avait su m'offrir jusqu'à présent. Les joues en feu, le corps en sueur, le souffle court, ivre de bonheur, je ne touchais littéralement plus terre et me laissais définitivement aller à ce désir frénétique, mordillant, lacérant, jouant avec le corps de mon bien-aimé.

Ce soir, j'avais touché du doigt le plaisir et me sentais plus forte que jamais. Groggy par ce tourbillon des sens, je flottais comme dans un rêve. J'étais bien. Pourtant, un silence pesant planait dans la chambre. Tout me semblait désormais trop calme. Me redressant, je sentis imperceptiblement une âcre odeur de sang venir me titiller les narines. Prise d'un vertige, je me demandais tout à coup ce qui pouvait bien s'être joué quelques minutes auparavant. Reprenant mes esprits, je me retournai vers mon compagnon et me rendis compte de toute l'horreur de la situation. Un véritable carnage … Horrifiée par ce macabre spectacle, je hurlai comme une lionne la mort de mon amant …

Tag(s) : #Textes des auteurs
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