Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Y’a pas à dire, je suis beau. Je sais. Vous autres osez rarement vous reconnaître dans votre beauté, mais avantage à ce que je suis, je peux me le permettre et le clamer à haute et intelligible voix : je suis beau. Pas de cette beauté que l’on peut reconnaître aux statues grecques ou aux cariatides. En plus je sers. Pour certains de ceux que j’ai adoptés, je fus utilitaire ; pour d’autres juste un ornement, présent par sa beauté qui irradiait autour de lui et arrivait par ma seule présence à améliorer mon environnement.

 

Aujourd’hui est un grand jour. Je vais aller me faire faire ce que vous appelez un lifting. Eh oui moi aussi j’ai droit à la chirurgie esthétique. Il est vrai que vous m’avez parfois fait peur. En particulier lorsque ce que vous dénommez vos chéris, vos miniatures en fait, me manipulaient de leurs… comment vous appelez cela déjà ? Ah oui, je me souviens, leurs mains. Avec le temps, je perds les mots de votre langage.

 

L’autre jour, une deux-jambes qui me regardait m’a taxé de bibelot de luxe. Cela me va assez. L’idée du luxe me plaît. Un environnement feutré, une attention de tous les instants pour que j’irradie le plus possible. Certains se regardent même en moi, quoique cela ne soit pas mon usage. En fait, je ne sers pas à grand chose. A éclairer un intérieur, à améliorer une décoration. Pour bien des vivants, je peux être considéré comme inutile et pourtant vous m’achetez, me placez bien en évidence dans une pièce, me payez des séances de remise en état. C’est donc que je vous sers à quelque chose, que je vous glorifie peut être. Mais qui possède l’autre ? A mon sens c’est ma beauté qui vous enorgueillit.

 

Il faut dire que je pourrai en raconter des choses. C’est vrai que je suis à une place privilégiée ; légèrement en hauteur, la vue sur toute la pièce. Ce qui est dommage c’est que je ne puisse pas voir ni entendre ce qui se dit et se noue dans les autres espaces de ce que vous appelez « ma maison ».

 

Autrefois, quand vous aviez des bonnes comme vous les appeliez, je mourrai de peur. Il faut dire qu’elles cassaient tellement. C’est ainsi, je me souviens ,qu’elles assassinèrent ; oui je dis bien assassiner…ma meilleure amie, un superbe vase. Et dire que vous l’appeliez, tout comme elles, cruche. Une si intéressante compagnie, qui venait de Chine. Ah combien  il m’a fait rêver des pays d’Asie que je ne verrai jamais.

 

Alors vite que ce séjour en clinique se passe au mieux pour que je reprenne ma place dans votre salon, sur la cheminée, qui me réchauffes bien l’hiver. Mais je vous laisse car on vient m’emballer… A bientôt vous revoir encore plus regardable…

 

Fiche de vente n° 2345L34

 

Un biscuit du 19° siècle – prix 22 euros  – objet en parfait état – peu plaire à un collectionneur.

Tag(s) : #Textes des auteurs
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :