Je regrette d'avoir perdu en vieillissant une grande partie de mes certitudes. Au cours de mes nombreux périples, des expériences heureuses et tristes m'ont fait perdre ma légèreté d'esprit. Les incohérences de mon mode de vie me sont apparues avec effronterie.
Telle une fourmi, je cours toute la journée après un bien-être illusoire que le pouvoir d'achat est sensé m'apporter.
En devenant une maniaque de la réussite tant financière que matérielle, ma route est tracée. Je dois travailler pour rembourser logis et voiture tout en assurant l'avenir. Un changement de direction me paraît difficile. Il faut assumer les mensualités de l'hypothèque. Je dois rester fidèle à mes engagements.
Sans équivoque possible, les pouvoirs politiques ont muselés la classe moyenne dont je fais partie.
Au prochain carrefour de ma vie, je me demande si j'aurais le choix de mon avenir. J'aimerais devenir moins matérialiste, vivre l'instant présent, profiter de la tendresse de mes proches et développer mes contacts relationnels plutôt que ma vie professionnelle.