Elles résonnent à travers les montagnes,
Prennent naissance sur les plaines de l'est.
Chaque nuit, elles reviennent, elles m'accompagnent,
Revêtant ma raison, comme une veste.
Plus la nuit est noire, plus elles me chassent.
Leur possession ne fait de moi qu'un pantin,
La folie vient doucement prendre place
Pour me pousser dans l'ombre et jouer de mes mains.
M'embrase leurs murmures maudits :
« Nous sommes là, pour toujours,
A faire danser tes nuits.
Flambe, jusqu'au jour. »
Une ombre flou, peut-être celle d'une femme,
Ondule, m'envoute, m'attire obstinément.
Je veux la figer sur le macadam
Pour me libérer de mes tourments.
Comme je l'approche, les voix montent en puissance.
Je n'ai pas un font méchant, se sont elles qui me commandent.
J'aperçois son visage. La surprise de son cri m'est jouissance.
D'une lame habile, je l'étreints, pour leurs âmes gourmandes.
Dans ma lie, sournoisement, elles crient :
« Tu n'as plus d'autre recours
Qu'à faire saigner la nuit.
La mort est ton atour. »
A la faveur des brumes, je joue avec les ombres.
Leurs voix m'appellent, je suis leur obligé.
Je ne sais aujourd'hui en affirmer le nombre,
Mais elles rident à jamais mes mains ensanglantées.
La lumière est une braise qui me blesse les yeux.
Quand les journées s'allongent, les voix s'amplifient,
Je me sens plus à l'aise quand se ferment les cieux.
Venez à ma portée, j'accorde la mort en harmonie.
Je n'ai d'ouïe que pour elles :
« Chasse pour nous, sans répit. »
Me berce la violente ritournelle
Quand j'embrasse la nuit.