Est-ce le bruit du vent sur la lande ou mieux sa toute puissance
qui nous pousse tels des fétus vers ces rives létales dans sa violence débridée ?
Bousculés, ballottés en rafales, nous n'existons plus que par la force décuplée
des capricieux étés dont nous n'aurons été que le jouet idéal.
Eolienne furie, souffle infernal qui te propulses au ciel et te désagrèges
en milliers de poussières d'écume et de fractales lumières irisées d'arc-en-ciel :
Nul doute, c'est bien toi,
O VENT
qui exploses, balayes, bouscules, détruis, claironnes, tonitrues et
persifles sur nos têtes !
C'est le vent du mensonge
qui souffle, insuffle, aspire, inspire,
insulte, caresse, susurre et soupire,
c'est le vent des mirages
qui essaime en dansant
jusqu'aux sources des silences
qui effaceront ce soir la trace
de toutes nos assurances passées ...
BRUIT DU VENT : ton rire de gorge répand ses humeurs sur la mer qui
dégorge ses peurs.
C'est bien lui,
ce diable méphitique
qui s'époumone derrière la falaise en hurlant dans sa corne,
déchire nos chemises, embrouille nos chemins,
multiplie nos doutes, égare nos destins,
décuple nos frayeurs, tétanise nos corps,
piétine nos bouquets,
se joue de nos serments et sonne la déroute !
Ainsi va le vent qui nous emporte au gré de ses caprices,
au souffle de ses envies, au grain de ses folies.
Il naît brusquement un jour,
s’invite un moment
puis repart sur la pointe des pieds,
en laissant à jamais dans nos cœurs
les stigmates de ses coups,
les griffes de ses ongles
et la trace indélébile de ses tempêtes.
Après le bruit du vent vient le silence.
Le pesant, l'omnipotent, le tout-puissant silence.
Qui se pose sur chaque chose, chaque objet,
chaque oiseau, chaque arbre, chaque fleur,
sur chaque infime parcelle de ta vie.
Il te poursuit dans ta maison,
dégriffe ta plume,
assèche ton encrier,
fait taire tes chansons,
et dans un tourbilon
renvoie tous tes amis.
Il est nulle part, invisible,
le silence,
mais il est partout,
son ubiquité te trouble et te dérange,
tu le sais maintenant,
il ne te quittera pas
et te suivra pas à pas
jusqu’au bout de ta vie.
Jusqu’au bout de ta nuit.
Au temps perdu des certitudes,
le vent violent des solitudes
t'emportera vers ses autans......