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Une foule dense était rassemblée là, qui courait en tous sens et semblait s'affairer à je en sais quelle tâche urgente. Elle était composée d'une multitude de petits hommes et de femmes minuscules, à peu près de la taille d'un liliputien. Les hommes étaient vêtus d'un simple cache-sexe qui ne cachait, à vrai dire,  pas grand chose , vu la morphologie de  leur propriétaire, les femmes portaient des sortes de petits tutus multicolores  ainsi que des foulards mauves retenant leur longue chevelure rousse. Deux coques de noix de pécan recouvraient leurs seins, qu'elles avaient fermes, mais très peu développés, et de forme oblongue. Tous avaient la peau très orange, les femmes en particulier , leurs yeux très ronds étaient de couleur variée, passant sans transition de l'or très pur au vert, bleu, parme, rose, olive, chataîgne ou noir le plus profond, suivant la couleur du temps, les heures du jour ou de la nuit, et aussi les saisons.  

 

Uriel restait comme terrassé devant ce spectacle étrange et bariolé, on aurait mille petites fourmis qu'on aurait peintes en couleur pour leur donner plus d'attrait et qui donnaient l'illusion, à la vitesse de leurs déplacements, de les observer à travers un kaléidoscope. Il suivait Euxane dans ses approches avec le camp et se demandait avec anxiété quelle allait être leur réaction. Mais aucun ne sembla lui prêter attention, ils continuaient à vaquer à leurs tâches diverses sans s'occuper de lui. Euxane le conduisit sous une sorte de barnum vert pomme où se trouvaient de longues tables et de toutes petites chaises, à leur taille, mais il fut très surpris de découvrir tout au fond, perché sur une estrade, un énorme fauteuil en paille tressée surmonté d'une couronne . Il se demanda à qui il pouvait bien appartenir, car on aurait pu y asseoir sans peine au moins dix de ces petites créatures. Euxane s'aperçut de sa surprise et le tira pas la manche. "ou, ou", fit-elle, d'un ton très sérieux. Ils ressortirent de la tente pour se diriger vers un petit bois jouxtant le camp. Là, quelle ne fut pas sa stupeur d'apercevoir le monstre, assis au pied d'un arbre, plongé dans un énorme  manuscrit.

"ou, ou" poursuivait Euxane. Uriel, trop intrigué par ce spectacle, s'approcha. Nouvelle surprise, le monstre s'adressa à lui, et en français.

-  Bonjour, l'ami, ça va, depuis tout à l'heure?

-  mais co, comment, vous parlez français ?

-  oui, depuis peu, le plus dur, ce fut d'identifier votre langue !

-  Ah ! Et comment vous y êtes-vous pris ?

-  Bah, c'est simple, à votre accent à couper à la lame de mon sabre,  et à votre mine de trouillard, j'ai tout  de suite vu que    vous    étiez français !

-  D'habitude, à l'étranger, on nous identifie à notre bérêt basque et à notre baguette sous le bras...

-  Oui, je sais, c'est écrit dans mon manuscrit millelangues, mais il a bien fallu que je me débrouille sans ces précieux indices !!

- Alors, chapeau, si je peux me permettre, je suis admiratif... notre langue ne vous pose-t-elle pas trop de problèmes ?

- Vous voulez dire que c'est un vrai casse-tête, je ne comprends pas d'ailleurs qu'on réserve ce terme de cass-tête aux seuls Chinois, je trouve qu'il vous va encore mieux...

- C'est peut-être une langue difficile, mais si belle, se plut à souligner Uriel avec nostalgie.

- Belle, belle, attendez, je préfère cent fois la langue des Ouchitas !!

- ????

- La langue de nos colonisateurs, si vous préférez , la langue d'Euxane, si vous voyez ce que je veux dire

- Ah! bon, vos colonisateurs ? Mais comment de si minuscules créatures ont-elle pu venir à bout de grands et forts gaillards comme vous ? Vous me racontez des salades , dit Uriel, qui n'en croyait pas ses oreilles !

 

Alors l'Homme-singe, qui s'appelait Tartan, se mit lui raconta son histoire.
 

Tag(s) : #Textes des auteurs
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