Le texte du mois // Proposition 256 // Jeanne Vicente

Bonjour, 

Voici le texte du mois pour la proposition 256 (Jeanne Vicente).

Vous pouvez retrouver la présentation de l'auteur dans la rubrique auteur. 

Un été dans les Cévennes

Allongée dans l’herbe haute aux heures chaudes de l’après-midi d’été, le sommeil me gagne petit à petit. Une abeille vole au-dessus de ma tête et son bourdonnement s’éloigne puis se rapproche. Les oiseaux que je ne distingue pas dans les arbres autour de moi pépient joyeusement et se répondent Je prête l’oreille à leur joyeux babillement. Au-dessus de ma tête, une herbe frissonne en ondule sous l’effet de la brise. Au loin, dans la plaine, une machine agricole se met en action, le bruit hoquetant du moteur se mêle à mon univers sonore, trop loin pour en rompre l’harmonie. Des bruits de pas sourds sur le chemin, un randonneur certainement. D’où je suis, en me relevant sur les coudes, je l’aperçois à peine, lui ne peut pas deviner ma présence. Ses pas butent sur les cailloux du chemin et il poursuit sa route. Les feuilles des arbres frissonnent. Les pneus d’une voiture écorchent la route. Le vent se lève et bruisse dans les branches, il souffle de plus en plus fort et soudain se déchaîne, j’entends les branches craquer de plus en violemment.  Des nuages gris ont envahi le ciel à l’horizon. Ils se bousculent, bientôt plus un seul coin de ciel bleu n’est visible. Je tends l'oreille et je perçois comme un roulement de tambour au loin. Le ciel s’obscurcit de plus en plus et de gros nuages anthracites menacent. L'orage et bien là. D’un bond, je me relève, il faut trouver un abri. Le tonnerre claque comme des coups de feu, l’écho percute les versants des montagnes environnantes et un vacarme assourdissant emplit la vallée. Le ciel n’est plus qu’un immense champ de bataille où s’affrontent éclairs et cumulus. Le vent maintenant hurle et secoue les arbres comme un forcené, les gouttes de pluie de plus en plus grosses percutent le sol et transforme le chemin en ruisseau.

Jeanne Vicente