La maison de bûcheron se tenait à la lisière de la forêt. La cheminée crachait une fumée épaisse, grasse, tumultueuse.
Il était assis sur la plus haute marche du perron. Il avait son air des mauvais jours, des très mauvais jours. La moue renfrognée qu’il affichait, faisait éviter, à tous ceux qui passaient sur le chemin, d’entrer en contact avec lui.
C’est qu’il était malheureux.
Il était là, à ne rien faire, pourtant ce n’était pas un fainéant, loin de là, en temps ordinaire il abattait plus de travail que les autres. Mais aujourd’hui, non, ce n’était pas possible. Il restait là, non pas à profiter des derniers vestiges de l’été, à se réjouir des images kaléidoscopiques évoquées par les rais de lumière du soleil au travers des feuilles et des branches.
Son métier de bûcheron qui pour d’autres aurait été vécu comme une forme de médiocrité était pour lui habituellement, une fierté. Il connaissait tous les recoins de la forêt, toutes les essences d’arbre. Il leur parlait souvent, choisissant avec respect ceux à abattre, là où il fallait replanter de jeunes pousses, là où il fallait débroussailler pour garder vivant cet espace sacré.
Hélas, cette nuit il avait rêvé de Clochette, la petite fée de son enfance. Et, dans son rêve, heureux de la retrouver, ils avaient, elle et lui, chacun, effeuillé une marguerite. « Je t’aime, un peu beaucoup à la folie », tel était son verdict. Mais hélas, pour Clochette après « à la folie » est tombé « pas du tout » !
Voilà pourquoi ce matin il était désespéré, incapable de savourer ce qui jusque-là le portait.