Sur le bord de la rivière, je savoure ces quelques heures de liberté. La nature m’a tant manqué. Elle m’apaise des tourments quotidiens qui, certains jours, pèsent sur mes épaules. Comme aujourd’hui où rien ne va. Alors, avant d’exhiber un air renfrogné devant ceux qui me côtoient, je préfère m’accorder un moment de répit et m’éloigner. Une petite journée à la campagne s’impose lorsque cela m’arrive. Je me prépare un en-cas et quitte la médiocrité de ce jour sombre. Je me suis vu dans l’obligation d’accepter un travail qui ne me plaît pas faute de ne pouvoir assumer les frais de location de mon appartement. Voilà ce que c’est que de mettre un terme à une relation du jour au lendemain et de rester seule avec les frais courants. Celui qui m’a quittée, a décidé, sur un coup de tête, de partir à l’aventure. Ce qu’il n’a pas eu le courage de me dire, c’est qu’il partagerait cette grande aventure avec une autre que moi. Les vestiges de ce fiasco me narguent chaque jour un peu plus. Mais là, en pleine campagne, j’arrive à me centrer sur le moment présent et à oublier ce qui me rend négative et remplie d’amertume. Assise sous un arbre, j’écoute le ruissellement de l’eau. Mon corps se détend peu à peu. Je me sens bien. Tandis que j’effeuille quelques marguerites, j’entends au loin le son d’une clochette. Une vache broutant dans le champ voisin ? Un enfant s’amusant à jouer à la petite école ? Un chat chassant la souris ou l’oiseau ? Qu’importe, ce son me transporte ailleurs et c’est la raison qui m’a fait venir ici. Mon estomac me rappelle que c’est l’heure du déjeuner. Je mange en compagnie de quelques fourmis qui manigancent de venir cueillir quelques miettes égarées sur la nappe. J’aime écouter le concert des insectes et des batraciens, cela m’éloigne de ma grisaille urbaine. La journée passe rapidement, je dois rentrer. Mais d’abord, me gaver de ce kaléidoscope d’images qui soignent mon âme. Sur le chemin du retour, j’arrête chez le fermier qui a jardiné une variété de légumes qui raviront mes papilles gustatives. Je le retrouve fumant sa pipe, assis dans sa berceuse sur le perron de son humble demeure. Tout son être reflète un bien-être que je lui envie. Il a sans aucun doute travaillé dur toute sa vie mais je sens qu’il a aimé et qu’il aime toujours cette vie qui est la sienne.