Ce n’est pas que je sois fainéant, mais le dimanche, j’aime bien prendre mon temps avant de me confronter une fois de plus à la quotidienne médiocrité de notre époque.
J’apprécie tout particulièrement ce moment juste avant le réveil, où les derniers lambeaux de rêve se mêlent en un kaléidoscope éphémère derrière mes yeux encore clos.
Je laisse doucement émerger ma conscience, sans relever mes paupières, afin de retenir un peu plus longtemps les vestiges des images de la nuit.
Je sais que bientôt, une à une, elles s’envoleront comme les pétales d’une marguerite qu’on effeuille au vent d’été.
Je savoure ce « coucher de sommeil » comme on regarde la nuit tomber depuis le perron de sa maison.
Cet instant magique avant le lever, chaque dimanche, je le jardine, le bichonne, et je m’y promène avec un ravissement toujours renouvelé.
Mais qu’un importun s’avise à faire tinter la clochette de la porte d’entrée avant que j’aie achevé ma balade virtuelle et voilà ma journée gâchée ! Je me lèverai d’humeur chagrine et traînerai une mine renfrognée jusqu’au soir. Quant au visiteur, il vaut mieux qu’il ait eu une sérieuse raison pour venir me tirer du lit, sinon, c’est lui qui risque d’en entendre, des clochettes ! Quand je suis mal viré, je m’emporte facilement. Maintenant, vous êtes prévenus…