Elle n’avait emporté que ce qu’elle avait sur elle, et quelques bricoles, du pratique, rien de sentimental. Toute la famille paraissait interloquée par la disparition d’Hélène. Elle avait toujours été, dans l’univers de sa famille, à des années-lumière de la manière de penser de ses proches. Le moins, que l’on puisse dire, c’est qu’ils n’étaient, tous autant qu’ils étaient, pas vraiment synchrones dans leurs attitudes.
Sa famille était elle aussi un peu à l’ouest parfois et des originaux pour le moins, n’hésitant pas en matière de surenchère, surtout verbale. Mais quand il s’agissait de passer de la théorie aux actes, ils n’étaient plus là, s’esquivant dare-dare avec n’importe quel prétexte balancé à l’improviste. Elle était partie avec beaucoup de précipitation et seulement le strict nécessaire, pour ce qu’ils avaient observé en inspectant ses placards, encore partiellement occupés par ses fringues. Qu’est-ce qui avait bien pu la conduire à fuir comme cela. Ce qui avait stupéfait tout le monde, c’est qu’elle était partie avant-jour, alors qu’à son habitude, elle aimait lambiner au lit jusqu’à pas d’heure ! Avait-elle fait la connaissance d’un amoureux ? Peu dans ses proches n’auraient pu le dire. On pouvait même se demander pourquoi tout le monde avait l’air de s’étonner de son absence aujourd’hui, alors que les jours et les semaines précédentes, personne ne se souciait vraiment d’elle.
C’est en fouillant dans un tiroir que l’un d’entre eux trouva une enveloppe non cachetée adressée expressément à celui ou celle qui viendrait à la trouver, de la lire et d’en faire connaître le contenu au reste de la famille.
Une sorte de testament daté de la veille de son départ, sur lequel était indiqué qu’elle léguait son patrimoine à sa commune. Tout le monde se regarda, stupéfait.
Personne n’avait rien compris.