Dans son for intérieur, aux heures grises du petit matin, l’âme se claquemure. Dans la pièce sans murmure elle rôde, maraude, fait l’état des lieux de son passé.
Rêve ou vertige ? Cauchemar, songe lucide ? Soudain tout se fige…
Bad trip. Tripes de papiers éparpillés sur le plancher. Livres éviscérés reliures écartelées pages démembrées biffées raturées saturées de signes obsolètes. Livres en miettes miettes de vie dérisoires confettis, sa vie.
Il y en a partout, gisant au sol, sur les fauteuils, au mur des croûtes défraîchies, monceaux des cadavres épars d’une monumentale cuite livresque.
Enfant déjà, myope et solitaire, elle ne rêvait qu’univers imaginaires, romances légendaires et héros de papier.
Sa vie tout entière s’était usée à bovaryser recluse dans un univers de papier. Une vie de papier.
Dans la pièce sans murmure, faiblement diffuse, une lueur : là, au fond, une fenêtre. Derrière la vitre, la vie, la vraie, peut-être ?
Trop tard. Hier, peut-être ? Le mur s’est écroulé, où se cloîtrait sa vie, en mille miettes de papiers, mille confettis, de son dérisoire CV.
L’aube pointe à peine du dernier matin.