Lili avait conduit pendant tant d’heures et de kilomètres qu’elle ne savait même plus ni où elle se rendait ni où elle était. Fatiguée, épuisée, elle s’arrêta sur le dernier parking annoncé de l’autoroute. Après ce serait que des petits chemins. Elle pensa que se dégourdir les jambes, et étirer son cou allait lui faire du bien. Elle songeait sans arrêt à cette ville au nom imprononçable où elle allait devoir vivre désormais, loin de toutes connaissance ; protection des témoins oblige.
Dès qu’elle mit un pied sur le sol, tout se mit à tourner. Par terre, de la mousse dans laquelle ses pas s’enfonçaient. Des arbres crochus tendaient leurs branches comme si elles voulaient l’avaler. Au milieu des lumières clignotaient comme si des feux tricolores étaient installés partout et toujours cette impression de marcher sur de la mousse caoutchoutée. Les bâtiments alentours étaient bas, les maisons ressemblaient toutes à des abris antiatomiques avec des excroissances comme les oreilles de Mickey. Perdue, elle était perdue comme dans un brouillard londonien cotonneux épais. Les yeux grands ouverts, elle regardait les véhicules circuler. Elle avait presque la nausée. Elle se figea en apercevant un OVNI. Pas possible, elle n’y avait jamais cru à ces engins. Pourtant là devant elle, il faisait des sortes de galipettes ; elle remit en question toutes ses certitudes sur ces objets volants.
Etrange, réels, les maisons dansaient devant son nez et Lili confondit tout, comme Hansel et Gretel quand ils arrivèrent dans la maison de la sorcière. Les murs ressemblaient à du pain d’épice la cheminée en pâte d’amande et les fenêtres en sucre d’orge et la porte en chocolat. Etait-ce possible ?