« Un âne à deux pieds peut devenir général et rester âne » écrivait la Comtesse de Ségur en 1863 dans Le Général Dourakine.
Parait-il, ce patronyme aurait pour origine « dourak » qui, en russe signifie imbécile.
Cependant, lectrices et lecteurs se souviennent certainement qu’en fait, le Général Dourakine avait un cœur d’or …
Il n’est pas interdit de penser qu’un général de l’époque – futur Maréchal et Président de la République – a pu inspirer la comtesse de Ségur dans sa citation de l’âne devenu général pour des phrases qui sont passées à la postérité :
La fièvre typhoïde est une maladie terrible : on en meurt, ou on en reste idiot. J’en sais quelque chose : je l’ai eue.
Était-ce cette docte pensée qui prévalut dans le choix de ses contemporains pour la magistrature suprême ?
L’Histoire ne dit pas non plus si le préfet était un pince sans rire pour avoir répondu à la fameuse tirade de Mac-Mahon,
« Que d’eau, que d’eau » ! face aux villages dévastés consécutivement à la crue de la Garonne :
« Et encore, Monsieur le Président, vous n'en voyez que le dessus… ! »
Certitude : le général Dourakine, personnage d’un roman pour enfants, est finalement plutôt sympathique parce qu’il ne supporte pas l’injustice et la méchanceté.
La comtesse de Ségur dans sa citation n’a certainement pas souhaité discréditer son héros …
Pourrait-on dire que le Général devenu Maréchal, puis Président de la République du temps de Napoléon III et au début de la IIIème République était taillé du même bois que le Général Dourakine ?
Outre ses banalités que d’aucuns qualifieraient d’âneries, Patrice de Mac-Mahon, après avoir essuyé l’humiliante défaite et capitulation de Sedan où il est fait prisonnier par les Prussiens, sera l’impitoyable chef de l’armée régulière dite « versaillaise » qui réprimera sauvagement la Commune de Paris en capturant et tuant des dizaines de milliers de personnes.
Rassurons-nous… Nous sommes au 21ème siècle, les ânes, charmants animaux au demeurant, ne deviennent pas généraux ni ministres.
Peut-être pourrait-on utilement solliciter leur sagesse …
Quant à l’heureuse époque de cette 2ème décade du 21ème siècle, il n’y a que les esprits mal tournés pour penser et faire des gorges chaudes des déclarations des hommes (et femmes!) politiques qui, chacun en est convaincu, sont toujours frappées au coin du bon sens …