P235 Gisèle – sans titre

« J’aime la tranquillité plus que toutes les choses de ce monde,

Je perçois dans les quiétudes des choses un chant immense et muet.»

Pablo Neruda, poète chilien

Cette citation m’accompagne depuis des années. Elle me rappelle combien j’aime la tranquillité, celle de l’esprit et celle de mon environnement. Mère de trois enfants, je peux assurer que la période où toute cette ribambelle vivait sous mon toit, la tranquillité était une denrée rare. Malgré tout, chaque soir, lorsque la maisonnée plongeait dans le sommeil, je profitais avidement de ces quelques moments d’accalmie. Je m’assoyais un livre à la main et j’écoutais le silence avec délectation avant de lire quelques pages du bouquin en cours. J’avais besoin de ce répit après des journées bien remplies et agitées. Les années ont passé, la marmaille a grandi et quitté le nid mais cette habitude m’est restée. Chaque soir, avant d’aller au lit, je reproduis ces moments de quiétude. C’est devenu mon rituel avant la nuit de sommeil.

 Cette tranquillité je la recherche partout où je vais. Je supporte mal les cris, les endroits bruyants, les gens qui papotent sans arrêt, la musique trop forte et tout ce qui compose la pollution sonore. C’est viscéral je dois faire le plein de calme et de tranquillité pour affronter le quotidien. Cependant, j’accepte avec joie que la nature ajoute quelques notes mélodieuses : le chant des oiseaux, le bruissement des feuilles, le ruissellement du cours d’eau, le bruit des vagues, le clapotis de l’eau sur le quai et tous ces autres sons naturels qui loin d’agresser, apaisent.

 Ce besoin de tranquillité vient du fait que j’ai essentiellement besoin de calmer mon activité cérébrale, celle qui loge à demeure un hamster plutôt énergique qui s’accorde très peu de moments de repos. Il en a des questions le vilain et possède le don de voir le verre à moitié vide plutôt qu’à moitié plein. Il foisonne d’idées noires et malveillantes et me pourrit l’existence.  Avec le temps et beaucoup de bonne volonté, j’arrive à diminuer et parfois à faire taire cette agitation qui m’entraine dans les méandres de l’inconfort. J’ai appris à alléger mes tourments, à être plus réaliste et bien sûr, plus optimiste. Je suis maintenant convaincue que si je suis à la retraite, le hamster peut bien en faire autant. Mais voilà, on se côtoie depuis si longtemps tous les deux que ni l’un ni l’autre n'arrivons à nous séparer définitivement. Je dois reconnaître qu’on a tout de même réussi à s’apprivoiser et à se respecter.

 Cette citation je l’ai encadrée et accrochée bien à la vue pour ne jamais oublier que la tranquillité est l’air que je respire et qui me fait bien vivre. La tranquillité et le silence, si puissants, si beaux, si apaisants sont devenus mes alliés mais la vie, étant ce qu’elle est, me force parfois à m’éloigner de cette zone de confort, elle me ramène à une autre citation que j’aime bien : « Le nouveau-né a devant lui une forêt en feu qu’il lui faudra traverser pieds nus. » de Christian Bobin. Mais ça, c’est une autre histoire qui pourrait fort bien se retrouver dans un autre texte !