Coupable en toute innocence, Laura se sentait très mal. Elle revenait sans cesse sur cette après-midi d'hier ou tout avait basculé.
La journée avait débuté joyeusement, Claire, sa meilleure amie venait d'arriver et elles allaient passer ensemble un week end chez Laura. Seules toute les deux.
Au programme, bavardages, promenades, soirées pyjama et fous rires comme au bon vieux temps.
Elles ne s'étaient pas vu depuis deux ans, depuis que Laura avait déménagé en Bretagne, dans cette vielle maison qu'elle avait entrepris de restaurer.
Il faisait un temps magnifique en cette Journée de Mai et après un déjeuner léger arrosé d’une bouteille de rosé, elle avait proposé à son amie une promenade « jusqu’à une source magique »
Les deux jeunes femmes chaussèrent leur chaussure de marche et partirent gaiement sur le chemin de la forêt. Il n'y avait qu'une petite heure de marche pour atteindre la source qui d’après les légendes locales serait un ancien lieu druidique.
En cette belle journée, il était agréable de marcher dans les bois, dans cette nature renaissante, toute de vert tendre et de fleurs pastel. Elles rencontrèrent d’innombrables lapins de garennes qui ne semblaient même pas effrayés.
Arrivées à la source, Laura avait fait les honneurs du lieu, c'était une clairière au milieu de la forêt avec au centre un menhir au pied duquel surgissait une source formant un petit bassin et qui se perdait ensuite dans les herbes. Laura adorait cet endroit. Elle le trouvait apaisant. Malgré une absence d'entretien, la clairière restait bien délimitée et Claire enchantée, décida de trouver des indices pour expliquer pourquoi la forêt ne se refermait pas sur la clairière. Laura savait qu'elle allait être intéressée par ce lieu. C'était son truc, trouver des réponses aux mystères.
Claire longeait la bordure de la clairière, avec un bâton elle écartait des branches cherchant des indices. Soudain, elle trébucha sur une souche et en se rattrapant glissa sa main dans le creux d'un vieux chêne, Presque instantanément, une nuée d'insectes sorti de l'arbre et se jeta sur Claire, Surprise elle tenta de se relever avant de sentir les premières piqûres. Elle se mit alors à hurler
Laura qui la suivait un peu plus loin derrière releva la tête et contempla la scène un instant, ne comprenant pas ce qu'elle voyait, Puis elle reprit ses esprits et se précipita vers son amie, Claire rampait sur le dos, tentant de s'éloigner des insectes. A quelques mètres Laura se figea à nouveau. Que pouvait' elle faire ? Qu'était-ce ? Des abeilles ? Des Guêpes ? Elle n'en avait aucune idée.
Voyant que les insectes étaient entre l'arbre et son amie, elle fit rapidement un détour pour rejoindre Claire par l'arrière et sans plus réfléchir elle la saisie sous les bras et la tira en arrière le plus loin possible. Claire avait cessé de hurler et gémissait. Chutant lourdement en arrière Laura se releva et traîna encore son amie sur une dizaine de mètres en direction de la source, Par elle ne savait quel mystère les insectes avaient abandonné leur victime.
Laura n'avait pas une piqûre. Affolée, elle s'agenouilla près de Claire
Claire ! Tu m’entends ? Ça va ?
Claire gémit et lui lança un regard plein de terreur. Elle ouvrit la bouche pour parler mais aucun son n'en sorti. Elle lui serra le bras avec une main d'une force incroyable puis finalement parvint à prononcer : «a-ller-gie»
Mon dieu ! Murmura Laura. Elle lui pressa la main et lui demanda :
Tu as un médicament ? Quelque chose sur toi ?
Claire remua la tête négativement, « Mon sac » parvint' elle à murmurer, puis elle ferma les yeux, à bout de souffle.
Laura réfléchit très vite
D'accord s'exclama Laura, ne t’affoles pas, ne bouges pas ! je cours à la maison chercher ça et j’appelle les secours d’accord ? Je reviens très vite.
Ça va aller d’accord ?
Elles n'avaient même pas un téléphone, elles étaient parties si sereines !
Claire rouvrit les yeux, la regarda puis opina. Son souffle semblait devenir difficile.
Laura ne savait que faire mais rester ici sans rien faire était exclu. Elle lui serra la main, l'embrassa sur la joue et lui murmura « courage, tiens bon » puis elle se redressa et fonça sur le chemin. Elle courut tout le long du chemin et vingt minutes plus tard, arriva hors d'haleine à la maison. Elle saisit son téléphone et le sac de Claire sur la table puis appela les pompiers qui répondirent dans la minute mais durent lui demander répéter. La voix posée de son interlocuteur la calma et elle prit le temps d'expliquer clairement la situation. Ils connaissaient la clairière et seraient sur place dans moins de 30 minutes. Laura raccrocha puis repartie au pas de course vers la forêt.
A bout de souffle, elle courait toujours quand elle entendit dans son dos le véhicule des pompiers. Ils la firent monter, hors d'haleine, dans la camionnette et arrivèrent à la clairière. Lara voulu se précipiter vers son amie mais la femme pompier la retint et lui expliqua d'un ton calme que ses collègues prenaient en charge son amie.
Les pompiers étaient déjà en train de s'affairer auprès de Claire. Elle les vit lui poser un masque à oxygène, l'un d'entre eux lui fit une injection puis elle les vit commencer un massage cardiaque. Cela dura une éternité puis ils cessèrent et restèrent agenouillés prés de Claire. Laura compris aussitôt et Poussa un hurlement terrible. La femme pompier se précipita vers elle et l'enlaça en lui parlant doucement. Elle n'entendait rien et pleurait convulsivement.
En état de choc elle se retrouva moins d'une heure plus tard à l’hôpital ou on lui avait administré un calmant. Elle eut la visite de la gendarmerie qui pris sa déposition et avec l'accord du médecin ils la raccompagnèrent chez elle. Dans un état second, elle s'effondra sur son canapé et s'endormit, sous le contre coup du choc et des médicaments. Elle se réveilla au milieu de la nuit, égarée, elle mit un moment à rassembler ses esprits puis tout lui revint d'un coup ! Claire était partie, et c'était sa faute !