Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Il commence à percevoir les premières lueurs du jour et pourtant, les persiennes fermées ne laissaient entrevoir que quelques minces fragments de lumière sur le parquet de sa chambre. Jojo doit se lever, le travail l’attend, mais ce matin, il n’est pas très partant pour aller affronter le vent glacial qui doit souffler dehors, tout au moins, s’il en croit la météo annoncée la veille à la télévision. Il n’empêche que tous les matins, il a du mal à refaire surface, il en devient vite maladroit et déambule dans sa maison d’une démarche chaloupée comme un type bourré ce qu’il n’est pas. Il aime la dive bouteille, mais pas au point de se saouler seul chez lui.

Il a descendu l’escalier lentement et atteint la cuisine à pas feutrés comme s’il avait craint de réveiller quelqu’un, ce qui ne risque pas d’arriver puisqu’il vit seul. Il avait simplement peur de se briser un membre en glissant malencontreusement sur une marche, comme cela lui était déjà arrivé un jour de grande détresse. La veille, en revenant du travail, il avait assisté à la noyade d’un enfant qui, batifolant sur la berge du canal d’un peu trop prêt était tombé à l’eau, sans qu’il ait eu le temps de réagir. Il était trop loin pour ça... Il en avait passé une nuit blanche à se retourner constamment dans son lit sans possibilité de s’endormir et lui revenait en tête l’image de la noyade et des sauveteurs arrivés sur place un peu trop tard pour sauver le gamin.

Dehors, le vent soufflait toujours en rafales, ce qui ne le réjouissait pas, mais il devait aller au travail. Il n’y avait pourtant aucune lueur d’espoir de voir la tempête se calmer d’ici à son départ. Il tenta d’enfiler ses brodequins qui lui parurent en piteux état. La veille au moment de débaucher, il avait malencontreusement mis le pied dans une flaque de produits chimiques dont il ne connaissait pas l’origine. Il se rappelait simplement que celui-ci était d’aspect laiteux, bizarre, mais il n’avait rien demandé ni dit à ses supérieurs de ce qui était survenu et il était rentré chez lui.

Ce matin, il était dans l’impossibilité d’enfiler ses brodequins dont la semelle était complètement décollée. Jojo était catastrophé. Il sortit néanmoins de chez lui, ferma sa porte et chevaucha sa mobylette qui était comme tout le reste chez lui, pas de première fraîcheur, à part ses chaussures de ville, neuves achetées huit jours auparavant.

Tag(s) : #Textes des auteurs
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :