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Le pas hésitant, il avançait lentement, tant il avait abusé de cette douce liqueur verdelette qui sans le dire l’avait enivré, lui chamboulant les neurones. Avec son ciré jaune sur les épaules, il n’aurait même pas pu se faire passer pour un marin tant il lui était difficile d’avancer à pied, alors sur un bateau, l’entreprise risquait d’être vouée à l’échec.

C’est pourtant vers l’étang qu’il se dirigea, le pas chaloupé. Sa coquille de noix fixée à la rive par une corde sans âge l’attendait pour sa partie de pêche. Il était dans l’embarras. L’endroit qu’il utilisait depuis peu et qu’il n’avait pas pris le temps de dégager de sa gangue de branchage était à peine accessible. La pente de la berge était si drue qu’il était à supposer qu’il avait arrimé son bateau un jour de grande lucidité et à l’évidence, il en manquait aujourd’hui. Il dut se pencher au-dessus de la berge autant qu’il était possible, tout en repoussant les branches qui au passage lui chatouillaient le dos, mais ce ne fut pas suffisant pour l’empêcher de basculer en avant dans son esquif à moitié empli d’eau. Il était assommé, sa tête avait frappé le fond. Sa chute projetant une grande éclaboussure, comme l’aurait provoquée une grosse pierre lancée dans l’eau. Le choc n’eut même pas le mérite de lui remettre les idées en place. Entendait-il, dans son délire, des cornemuses ou quelques autres instruments à vent, pas sûr ! Il se releva de la fange dans laquelle il pataugeait, pour le moins estourbi de sa situation. Sa chute, lui aurait-elle enfin, remis les idées en place ?

 

Tag(s) : #Textes des auteurs
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