À la lumière des informations que l’inspecteur Montil a recueillies de plusieurs témoins du drame survenu vendredi dernier au Parc des Hirondelles, il constate que la méchanceté de l’attaquant a dépassé tout ce qu’il a vu et entendu dans sa carrière, longue de plusieurs décennies. Comment peut-on imaginer une si cruelle démonstration de gestes odieux ? La pauvre victime a subi, sans pouvoir se défendre, des coups d’une violence extrême. Couteau, marteau, fil métallique, tessons de bouteilles, bombe artisanale, essence et allumettes, l’arsenal de cet homme fou de rage a couté la vie à cette femme par pure méchanceté. Il a prévenu tous ceux et celles qui s’aviseraient de les approcher qu’il n’hésiterait pas une seconde à tous les faire sauter avec celle qu’il n’a pas choisie au hasard mais parce qu’elle avait osé le laisser pour un autre homme, inacceptable dans son cerveau dérangé. « Elle paie pour ce qu’elle m’a fait !» crie-t-il à la foule sidérée devant la scène.
D’ailleurs, l’homme a préparé son coup la veille en traçant dans l’herbe un cercle avec de l’essence. À son arrivée au parc, il s’est placé à l’intérieur avec sa victime qu’il traînait de force et a mis le feu. Bien mise en évidence une bombe artisanale qu’il menace de faire sauter si l’on tente de s’approcher. Il attache d’abord les mains de la victime derrière le dos puis la dévêt pour qu’elle ressente la honte, s’en suit des coups d’une force décuplée par la rage. À coups de marteau, il lui brise les avant-bras et les jambes. La pauvre hurle de douleur. La tenant avec fermeté par les cheveux, avec son couteau il lui fait des incisions un peu partout sur le corps tandis que la foule lui crie d’arrêter.
Que font les policiers ? L’attente est interminable. Quelques téméraires tentent de faire diversion et l’encerclent, il les menace de faire sauter la bombe, la prudence est de mise. Il lance des tessons de bouteilles à ceux qui tentent de s’approcher tout en continuant à frapper la femme avec ses pieds et ses poings. Ensanglantée, elle perd conscience. Il choisit ce moment pour lui enrouler autour du cou un fil métallique. Sa méchanceté semble n’avoir aucune limite.
Avec soulagement, on entend les sirènes s’approcher. Arriveront-ils à temps ? Rien n’est moins sûr. Sans grand succès, un homme lance une pierre à la tête du bourreau. Bien que le sang coule le long de sa joue droite, la blessure est superficielle et ne l’arrête en rien, les coups continuent de pleuvoir. Il serre d’abord avec une lenteur calculée puis avec de plus en plus de force le fil métallique. Les policiers et l’escouade spéciale arrivent enfin, le menacent de tirer s’il n’arrête pas son carnage. Il les nargue d’un regard sans équivoque et serre jusqu’à ce que sa victime cesse de respirer. C’est à ce moment qu’il sort avec rapidité de la poche de son manteau un détonateur … qu’il actionne. Une puissante déflagration les déchiquète tous les deux et blessent plusieurs témoins.
À la fin de son rapport, l’inspecteur Montil tremble, il aurait tant désiré que ce drame épouvantable se termine dans la lumière. Il éteint la lampe sur sa table de travail et reste de longues minutes dans le noir, bouleversé, à réfléchir à cette violence et au pouvoir dont s’investissent certains hommes face à leur relation avec les femmes.
L’inspecteur se désole de constater que son travail, hélas ! se retrouve beaucoup trop souvent du côté de la méchanceté plutôt que de celui de la lumière.