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Je t’aime parce que je te déteste aussi parfois.  Je t’aime parce toute chose a son contraire, tout sentiment a son opposé, il n’y a pas de jour sans nuit, pas de noir sans blanc, pas de vivants sans morts, pas de silence sans bruit, pas de gentils sans méchants…

Je t’aime parce que je te déteste, parce qu’il n’y a pas d’amour sans haine, et que si je t’aimais toujours, dans la continuité du temps et de mes sentiments perpétuels, on n’appellerait plus ça de l’amour, puisque l’on ne saurait nommer son contraire. On appellerait ça de l’habitude.

Je t’aime parce que j’ai le choix, j’ai le choix de choisir aussi de te haïr gentiment, de t’aimer moins certains jours, de t’en vouloir pour un motif précis. Heureusement pour moi, j’ai le choix de t’aimer à nouveau, de te retrouver, de me faire pardonner, de récupérer ta confiance.

Je t’aime parce que je sais que nul n’est parfait, que les forts sont faibles aussi parfois, que les invincibles peuvent, eux aussi, perdre des batailles, que l’orgueilleux est souvent le même que l’humilié, qu’en nous règnent deux pôles, qui jamais ne s’atteignent, mais peuvent se livrer d’âpres batailles…

Je t’aime parce que tu as compris qu’on ne peut aimer bien, un peu, passablement, bref que ce verbe se conjugue seul quand il s’agit de l’amour pur et véritable. Je t’aime. Point final. Comme je peux te lancer parfois, injustement, avec des flammes dans le regard : je te hais, je te déteste !

L’économie des mots est cachée tout entière dans l’intensité des sentiments. Plus besoin d’adverbes, de fioritures inutiles, de méchants adjectifs, de dangereuses périphrases pour exprimer tout ça. Je t’aime, je te hais, suffisent amplement. Moi j’ai choisi le premier parce que je ne supporte pas l’autre. Et sans doute parce que c’est le plus extraordinaire, le plus sincère, le plus vrai, le plus doux à entendre, celui qu’on prononce avec une voix appropriée, une voix chuchotée souvent à l’oreille, ou en se regardant droit dans les yeux avec un tendre petit sourire aux lèvres. Un mot que l’on a du mal aussi à prononcer parfois et qui fait rougir (par honte, pudeur ou plaisir) celui qui le dit, et celui qui le reçoit.

Tandis que cet affreux mot que l‘on hurle, crache au visage de l’autre avec des reproches, des accusations injustes, des sous-entendus et de la haine dans le regard, n’engendre que des guerres, des morts, des situations inextricables et souvent irréversibles. Et détruit à la fois celui qui le profère et celui qui le reçoit.

Mourons d‘amour, le moins possible, mais jamais de la haine que l’on ressent ou de celle que l’on vous porte aussi parfois sans raison véritable.

Cloclo, 11/05/2021

Tag(s) : #Textes des auteurs
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