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Chapitre I : Où le mystère prend source

 

Quelque chose vibre sur l’étagère derrière lui. Il ne se retourne pas. Absorbé par ce qu'il est en train de faire, c'est tout juste s'il a perçu quelque chose. Debout, penché sur un montage électronique, un fer à souder à la main, il vérifie les connexions d'une résistance tout en marmonnant quelques mots à peine audibles :" 3° patte du circuit intégré, ... neutre, ..., condensateur 1, ..., condensateur 2, ...vers la diode, ...".

Sur l'étagère, la vibration a reprise, brève, sans que le moindre trouble ne se fasse sentir dans la pièce. Celle-ci n'est éclairée que par une seule ampoule descendant du plafond juste au-dessus de la table. Elle forme un rond de lumière bien circonscrit centré sur le travail de précision qu'effectue l'homme. Le reste de cet espace est dans l'ombre et c'est à peine si on distingue les contours de deux placards sous l'étagère.

Maintenant, de l'étagère, vient un faible bourdonnement en continue. Un instant, l'homme semble s’arrêter dans son travail pour écouter mais rapidement, il se replonge dans ses circuits, ses composants, ses connexions. Il ne veut pas se distraire de son œuvre. Un peu de fumée s'élève lorsqu'il actionne son fer à souder. L'odeur âcre que cela dégage le rassure. Elle lui confirme que l'alliage a bien uni le circuit à la patte du composant. Cela signifie que le courant pourra passer. Alors l'œuvre prendra vie. Il approche, après tant de temps, de sa victoire.

Mais le bourdonnement se fait plus fort sur l'étagère. Les boîtes qui s'y trouvent commencent à trembler. Un tube en verre tressaute, roule puis s'éclate en 1000 morceaux sur le sol. L'homme relève la tête, se retourne et jette un regard hagard derrière lui. Un instant immobile, comme arrêté dans son geste, il est pris alors lui aussi d'un léger tremblement. "Non, non, pas ........... pas maintenant,..., pas tout de suite,...". Il respire plutôt qu'il ne parle. Il halète, il transpire. " Non, non,  ..". Et soudain, sa voix éclate, rageuse : "Non, je n'ai pas fini. J'ai encore besoin de temps. Arrêtez. Arrêtez. Il faut que je finisse, je peux finir. Si je ne finis pas, ils vont être anéantis". Élevant alors son fer à souder vers l'étagère, il se fait suppliant : "Ecoutez-moi. Je suis leur sauveur. Sans moi, bientôt tout deviendrait noir, miteux et disparaitrait".

 

 Chapitre II : Où le mystère s’éclaircit

 

Tout n’est que vacarme, foule et confusion. Sur la grande place du marché, Nerwane et moi tentons de nous frayer un chemin. Mais personne ne fait attention à personne.  Chacun transpire l’étonnement, l’inquiétude ou l'angoisse par tous les pores de sa peau. Les visages sont tendus, crispés, déformés par la peur. Certains hèlent bruyamment des connaissances, d'autres crient, hurlent quand d'autres enfin cherchent à capter l'attention en haranguant ceux qui passent près d'eux. Il n'y a pas d'ordre dans cette masse humaine qui s'agite, tourne en rond ou se déplace dans le sens de ceux qui poussent le plus fort.

Je ne vois plus Nerwane. Il a dû se faire emporter par un courant contraire. J'essaie de voir par-dessus la masse de gens en prenant appui sur une épaule dont je ne sais à qui elle appartient. On s'agrippe. On s'écrase quand une main m'attrape le bras. Je veux me dégager mais je reconnais Nerwane : il m'attire vers lui. Il a repéré un camion immobilisé au beau milieu de cette masse humaine. La porte de la cabine est entrouverte. Le conducteur, sans doute terrorisé lui aussi, a dû vouloir s’enfuir avec cette foule irraisonnée. De là, momentanément à l’abri de tous, nous dominons un peu. Face à nous, un nuage énorme, noir, compact, zébré d'éclairs verts, s'élève au-dessus des toits dans un ciel bleu d'azur.

Instinctivement, j'allume l'autoradio. La voix troublée d'un journaliste ému fait vibrer les haut-parleurs :  "...........que ces menaces n'avaient pas été prises au sérieux par le gouvernement. Il est vrai que tout laissait à penser que cela relevait de l'œuvre d'un illuminé. Mais il y a maintenant 3 heures, le petit village du Finistère a été plongé dans la torpeur et les radiations. Quelques instants au paravent, la mystérieuse organisation se faisant appeler Interstellaire Humanoïde Esprit Vital avait transmis au préfet un communiqué disant, je cite, que les hommes étant incapables de régénérer l'esprit de vie primaire, ils allaient, je cite toujours, abandonner l'humanité à son triste sort et faire sauter son laboratoire de recherche et d'expérimentation avec tout ce qu'il contient. En conséquence, et je cite enfin la dernière phrase du communiqué de cette mystérieuse organisation, en conséquence, l'humanité court à sa perte car c’était sa dernière chance et elle n’est pas venue".

Tag(s) : #Textes des auteurs
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