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Je ne sais comment je suis arrivée devant cet enchevêtrement de branches, de racines et de feuilles. J’hésitais d’y pénétrer… et je m’y suis perdue.

Je courais alors essayant de tout voir, tout sentir, ne rien perdre de mes sens.

Un arbre intense, feuillu, annonçait le regain tant attendu, et menaçait de m’engloutir

La lumière ne s’imposait qu’au travers de verts, verts tendres, verts lumineux, verts profonds.

Des bourgeons non encore éclos tachetaient les branches en éclats de rouge, de jaune. Les branches lourdes de ces semailles attendaient leur délivrance.

Un rai de lumière blanche à peine perceptible filtrait. Je m’échappais.

Je quittais cet univers turbulent et dense.

Je quittais mon arbre de vie.

Au sortir de cette effervescence, je fus saisie par le calme, la douceur d’un paysage de roseaux bien alignés aux tiges roses tirant au brun, la lumière s’épuisait dans un camaïeu de vert et d’ocre. Les feuilles fines et acérées découpaient nettement une lune pleine argentée. Je m’allongeais afin d’en saisir la sérénité. Cette douceur première cachait une profusion de lianes fines noueuses se jouant des rayons de lune. Un vent léger bruissait, chantait une mélodie lancinante.

Ce n’était pas le son que j’espérais.

J’étais vouée à reprendre mon errance.

Insufflée de vie, de visions, je m’échappais encore.

Un étrange univers m’apparut alors.

Un Œil d’un immense bleu, veiné de racines grises, enchevêtré de lianes bleues et blanches suivait mes déplacements. Il observait fixement, immobile. Appartenait-il à un cyclope à la peau brune et rougie de colère ?

Il m’impressionnait, je m’éloignais rapidement de cet air inquisitoire, mais me retournais sans cesse pour en comprendre l’essence.

Je me remis à courir encore plus vite, à en perdre le souffle.

Épuisée je finis par échouer dans un mauve et noir, parsemé de lumières jaunes petites fenêtres gardées par des âmes tourmentées.

Le reflet dans l’eau violette de la ville abattue s’élevait dans un bleu de nuit profond.

Toutes les couleurs se diluaient. La ville n’était plus que ce reflet ondulatoire dans l’eau.

Des sons étouffés s’élevaient de ce désespoir magnifique. Quelques notes d’espoir égrenaient, les premières notes du concerto pour mandoline de Vivaldi effleurèrent ma mémoire, mais les trente premières secondes du requiem de Mozart s’imposèrent en boucle lugubres, magiques.

 J’ai traversé tous ces tableaux, et suis passée des effluves des essences de térébenthine, de la peinture à l’huile, aux parfums du rouge, du vert, des mélanges des couleurs, et finis dans la fragrance âcre et délicieuse qu’exhale l’encre de chine.

Je me suis roulée dans ses couleurs et ses odeurs et les sons, les bruits, se sont imposés.

C’est ainsi que je compris sa peinture.

J’étais arrivée au terme de ma quête.

Tag(s) : #Textes des auteurs
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