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Déjà si grande et pourtant si jeune, songea Valériane. Sa petite fille adorée dormait profondément sous sa couette fleurie. Elle sortit délicatement de la chambre afin de ne pas la déranger durant cette première heure de sommeil. Elle avait vu une émission à la télé sur l’importance de la qualité du sommeil sur l’évolution physique et psychologique de l’enfant.

Océane tenait de sa main gauche sa poupée de chiffon qui avait survécu comme par miracle à de trop nombreux lavages hebdomadaires. Sa maman chérie avait la phobie de toutes ces bestioles invisibles que l’on appelait microbes. Sur une belle étagère en bois blond une collection de superbes éventails de toutes les couleurs attendait qu’elle fasse son choix.

Elle a un sommeil agité. Pourtant rien ne la dérange ou ne l’énerve ces derniers jours. Souvent elle fait d’affreux cauchemars. D’autrefois se sont de merveilleux rêves hauts en couleurs. Elle y entend toujours le vent jouer au travers des feuilles des érables touffus et des arbres fruitiers. Il y en a beaucoup tout autour de la maison. Elle dort au deuxième étage, la fenêtre de sa chambre entrouverte, sauf quand il fait froid ou qu’il pleuve des clous. Elle adore sentir les odeurs de la nature, comme elle se plaît bien à le dire à sa maman. L’hiver tout est clos. Pas un souffle, pas de vent fraîcheur ni d’odeur ni d’oiseaux. Non, rien. Rien que les craquements sournois des planchers vernis de la vieille maison. Ou encore les grondements sourds de l’antique canalisation d’arrivée et de sortie des eaux propres et usées.

Elle rêve encore à son merveilleux prince charmant la petite blondinette.

Certaine de le retrouver après le coucher du soleil. Convaincu qu’il viendrait sur sa magnifique monture. Un cheval au pelage noir geais qui brillerait sous les somptueux reflets de lune. Et elle si fière, marcherait lentement à sa rencontre. Quoi de plus normal, n’était-elle pas sa promise. Rien ne l’empêcherait de tenir sa promesse. Il lui avait juré sous la grosse roche bleue délavée du petit ruisseau derrière le petit bois ensommeillé. Elle avait fait de même. Un soleil immense avait brûlé son regard fiévreux.

Il attacherait son bel étalon sauvage au piquet de la clôture de la tour de garde. Elle l’attendrait auprès de l’énorme colonne de pierre. Ce château en partie en ruine lui appartenait. Elle en était la châtelaine.

La fraîcheur du lieu lui caresse la peau. Elle ressent comme de légers frissons qui semblent venir lui dire bonjour. Va. Tu es chez toi ici, n’est pas peur. Elle n’avait pu se résigner à abandonner son éventail, il lui tenait constamment compagnie telle une seconde peau. Elle se sentait digne en le portant à la main. C’était pour elle un signe de noblesse. Elle avait vu des images dans les livres à la bibliothèque de l’école.

Elle finit par s’adosser au gros pilier froid. Elle avait ainsi une vue plus large sur la rotonde. Elle avait tellement hâte qu’il se pointe le bout du nez.

Elle entendit un bruit sourd. Comme un poids qui tombe de haut...

Tu fais un cauchemar cria sa mère du pied de l’escalier, espérant que la petite comprenne et cesses ses cris entrecoupés de vilains pleurs...

Océane se réveilla en sursaut. Son pyjama mouillé d’une transpiration de peur excessive. Elle venait de faire un autre épouvantable cauchemar. Elle ne voulait plus s’endormir de peur de revivre ces horreurs.

Tag(s) : #Textes des auteurs
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