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Amélie avait chaud en cette journée de vacances. Le jardin était bien, mais tout ce qu’elle voulait, c’était la visite du château.

Avec ses parents, ils avaient décidé comme excursion, de visiter le domaine de St Gérard, à 53 km de leur résidence de vacances. Ils avaient le choix, chaque jour, d’une excursion ou d’une activité sur place.

Ayant déjà passé quelques jours à tester les sports ou les bricolages, d’un commun accord un tour en dehors du club leur parut une bonne idée.

Debout à 7h, petit déjeuner et bus pour être à 9h à l’entrée du domaine.

St Gérard est une ancienne forteresse moyenâgeuse, qui fut incendiée, prise d’assaut, rebâtie, transformée en hôpital militaire et qui est maintenant un beau château visitable avec un jardin “à la française" regroupant un jardin de curé, une grande pièce d’eau et un verger.

Comme ces derniers jours avaient été particulièrement chauds, et que l'on annonçait la prolongation de la canicule pour encore une semaine, on leur avait conseillé de faire le jardin le matin, quand une relative fraîcheur se trouve dans les plantations, et de visiter le château en début d’après-midi pour profiter de l’ombre et des murs épais.

Une petite queue se dessinait déjà à l’entrée principale, ce qui décida la famille de se diriger sans attendre vers la visite guidée. Tout était présent pour se faire des souvenirs : le beau temps, le soleil, les parents, le mélange de langues des touristes et un appareil photo. Amélie aimait prendre des photos, à l’ancienne comme on disait autour d’elle, encore en argentique. Elle rétorquait toujours que le plaisir était double : une fois en prenant la photo et une fois en découvrant le cliché développé.  

Encore 20 personnes avant de rentrer.

L’entrée étant écartée du jardin, ils étaient en plein soleil, et ne pas bouger augmentait la sensation de chaleur.

10 personnes.

Amélie en profita pour prendre un cliché ; la queue, mais vu du niveau des têtes, rasant coiffures et chapeau.

2 personnes.

Vint leur tour. Visite avec un guide audio (ce que la brochure indiquait comme “visite guidée”). Pas mal d'histoires circulaient sur ce château, des légendes, des fantômes et des faits réels.

Dès le début, Amélie sourit. Les pièces, les tableaux, les aménagements faisaient remonter en elle une sorte de nostalgie, de bien-être. Sans être passionnée, elle avait toujours aimé le moyen-âge et comme pas mal de filles, se voyait en princesse à sauver.

Prise par un tableau assez réaliste, elle perdit le rythme de la visite et laissa ses parents s’éloigner. Une minute suffit pour perdre quelqu’un.

Elle revient à ce tableau, trouvant quelque ressemblance entre la jeune fille et elle. Une coiffure, un nez, des yeux qui semblaient identiques. Même les autres personnages du tableau lui semblaient familier.

Faisant un pas en arrière pour changer d’angle de vue, elle remarqua que plus personne ne se trouvait dans la pièce, ni plus loin dans le couloir.

Délaissant le tableau, à contre-cœur, elle avança dans sa visite, sans s'apercevoir qu’elle n'avait plus de casque sur la tête.

Arrivée à l’escalier, elle ne vit pas plus de gens. Une anxiété l’étreignit et elle descendit rapidement les marches. Trop vite, sans se rendre compte qu'elle descendait trop bas.

Arrivée dans une grande salle voûtée, elle vit deux femmes, habillées de grandes robes, sans doute des comédiennes prêtes à faire une attraction liée à l’histoire du château.

Toutes les deux s’éventaient et avaient de grandes perruques sur la tête.

  • Excusez-moi, je pense m'être perdue.
  • Ne t'excuse pas, avec cette chaleur tout le monde se réfugie ici. Comment t’appelle-tu ?
  • Amélie.
  • Amélie ? mais de quelle famille es-tu ?
  • Pardon ?
  • Es-tu servante de la reine ou du roi ?
  • Non, de personne, je ne suis qu’en visite ici, je ne suis pas du spectacle.
  • Quel spectacle ? Ne t’inquiète pas, nous ne dirons rien sur la venue d’une servante dans la salle. Mais retourne vite à tes tâches si tu ne veux pas avoir de soucis.
  • Mes tâches ?
  • Ah et prends cet éventail, par mégarde ma camériste m’en a donné deux, cela te sera utile par cette chaleur.

Amélie prit l'éventail et parti, troublée par la discussion et la posture de ces deux femmes. Sans trop d’hésitation elle retrouva l’escalier et remonta d’un étage.

Un garde la voyant remonter l’interpella directement :

  • Es-tu Amélie ?
  • Oui

Il prit son talkie-walkie et dit “c’est bon, je l’ai retrouvée, elle était en bas”

  • Sais-tu qu’on te cherche depuis 3h, tes parents sont fous d’inquiétude !
  • Trois heures, mais non, je suis juste descendue il y a 10 minutes.

Le garde, sans geste brusque, la prit par le bras et l’emmena à la sortie où l’attendaient ses parents.

  • Oh mon dieu, Amélie, dieu soit loué. Mais t’étais où ?
  • Mais juste en bas, je me suis égarée.

Ça fait deux heures qu’on te cherche avec la sécurité, ils ont eu le temps de fouiller complètement le château sans te trouver

  • Mais... mais...

Amélie ne savait quoi répondre, elle ne comprenait pas l’angoisse de ses parents, ni l'effervescence des gardes de sécurité.

Après des explications et des excuses auprès des propriétaires et gestionnaires des visites, la famille repartit.

Amélie y repensa souvent les jours et les mois suivants, ne trouvant aucune explication. Avait-elle rêvé, s’était-elle endormie ? c’était la seule réalité possible.

Mais alors, d’où venait cet éventail qu’elle avait toujours gardé avec elle depuis ?

Tag(s) : #Textes des auteurs
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