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Au centre de la maison silencieuse trônait une simple table basse en bois d’ébène. Si reposait une magnifique plume d’ivoire. À ses côtés, un encrier contenant de l’encre de Chine lui tenait compagnie au cas où !

Le lendemain de Noël à l’aurore, elle vit Liber descendre l’escalier central sur la pointe de ses belles pantoufles toutes neuves tricotées par les vieilles mains encore agiles de sa grand-mère préférée. Il n’en avait qu’une. Le choix n’était donc pas très difficile à faire ! se dit-elle, en épiant Liber, histoire de remplir sa vie d’attente inutile et qui lui paraissait d’ailleurs interminable et si vide.

Fringuant comme un jeune coq malgré son âge avancé, il attrapa avec agilité la cordelette qui bâillait d’ennui au fond du couloir vide au troisième étage de l’antique maison paternelle.

Dans un geste sec, il tira sans attendre son reste, ce qui fit descendre l’escalier pliant et chambranlantmenant au grenier.

Là-haut, entre la chaleur lourde de l’air vicié, celle désagréable des toiles d’araignées tissées avec patience et sagesse entre les tréteaux de bois, et l’épaisseur statique d’une poussière grisâtre, l’attendaient depuis longtemps un nombre incalculable de vieilleries de toutes sortes.

Vif comme l’éclair, il retrouva le vieux coffre aux trésors. Il était demeuré tel que dans ses souvenirs. Dans un coin, caché sous une bâche trouée, gisait dans la plus grande solitude, l’objet qu’il croyait avoir égaré depuis fort longtemps déjà. L’ouverture de la serrure cadenassée qui avait jadis cédé avec rapidité au doigté précis du jeune garçon ne rechigna en rien cette fois-ci non plus.

Sans attendre, il plongea ses fortes mains calleuses, curieuses de se retrouver à l’intérieur de la caverne d’Alibaba. Il y fouilla avec un immense plaisir. Il sentit le contour plus ou moins rugueux des objets. Ou était-ce ces vieilles mains qui manquaient de la douceur de la jeunesse ? Toutes ces vieilleries lui rappelaient d’anciens souvenirs. Certains plus heureux que d’autres et d’autres plus tristes que certains.

Puis, après qu’à ses yeux, il se fut écoulé un temps qu’il qualifiait d’éternité, il s’affaira à observer d’un œil presque complice, le va-et-vient du propriétaire. Il tournait en rond dans le salon, un carnet aux feuilles jaunies à la main. Il sautillait tel un enfant heureux.

Finalement, sans prévenir, il s’approcha de la table et s’empara de la plume. Lorsqu’il me saisit d’un geste rapide et que je reconnus son touché fébrile, j’en ressentis un frisson jadis connu. Tout n’était pas fini.

Tag(s) : #Textes des auteurs
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