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Au collège, en classe de 6ème, on apprend aux enfants les trois états de l’eau.

D’abord y a l’eau liquide. Celle qui est partout. Celle qui nous désaltère, dont il faut boire un litre par jour pour rester en forme. Celle qui coule des sources montagneuses, des fontaines urbaines, des cieux encombrés et des yeux embués. Celle dont on arrose les plantes, dont on remplit les baignoires, les piscines et les pistolets d’enfants. Celle qui donne à notre planète bleue son surnom et aux poissons un toit. Celle qui fait rouiller les portails et moisir les fruits mûrs. Celle qui étouffe les champs inondés et manque aux terres assoiffées. 

 Puis, il y a le gaz. Celui qu’on ne voit pas. Celui qui se glisse dans l’eau qui pétille et s’évapore de la casserole qui boue. Celui que nos bouches laissent échapper les matins d’hiver et les soirs d’agacement. Celui qui gonfle les ballons de baudruche et les bulles de savon. Celui qui, condensé dans un petit espace, créer un mécanisme de pression. Celui qui tue. 

Enfin, il y a l’eau solide. La glace. Celle qui doit lutter pour exister. Celle qui se forme au sol quand le thermomètre dégringole, et qu’on évacue à grand coup de poignées de gros sel. Celle sur laquelle on patine et on tournoie. Celle sur qui on couche les poissons au marché. Celle qu’on façonne en cube pour rafraichir cocktail et digestifs. Celle qu’on plaque, enveloppée dans un torchon, sur les genoux endoloris. 

La neige aussi est une forme d’eau solide. Celle qui enveloppe les montagnes et dévore les skieurs enhardis. Celle qui bloque les routes et les aéroports. Celle qui transforme l’horizon et finit en boule dans les mains des enfants. Celle qui colle aux bottes et fond dans la bouche.

Les inuits ont 25 mots différents pour parler de la neige.

Il faut appeler un chat un chat. 

Je suis le plus grand glacier du monde. La plus grande réserve d’eau douce que compte la terre. 

Je m’étends sur plus de 250 km2 au sud de l’Argentine, non loin de la terre de feu. Comme c’est ironique. 

On vient m’admirer des quatre coins de la planète. J’offre un spectacle époustouflant: je suis un immense champs de glace blanche, argentée, azure, transparente. Je fais danser les rayons du soleil, chanter le vent qui pénètre dans mes entrailles et étinceler les yeux des voyageurs.

Je m’appelle le Perito Moreno. Mais, du jour ou l’on m’a dit que j’étais un glaçon, je me suis mis à fondre. 

Tag(s) : #Textes des auteurs
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