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Vous connaissez ma mamie ? Non ? Une maîtresse femme mais toute en douceur. Quand elle était jeune, elle a connu la guerre ; la grande celle qui a fait tant de morts pour rien. Elle est passée dans la tourmente mais elle a participé. Elle était serveuse dans un restaurant et avec le cuisinier, elle s’est engagée dans la résistance. Ils n’étaient pas amants mais amis. Son mari, elle l’a perdu au tout début de la guerre au moment de la capitulation.

En fait ce n’est pas ma vraie grand-mère. Mes parents étaient clients du restaurant et je les accompagnais souvent. Trop petite pour tout comprendre, je sentais instinctivement qu’il y avait entre mes parents et la serveuse Madeleine un lien. Leurs paroles parfois énigmatiques me laissaient à penser qu’un secret les liait.

Puis un soir, alors que nous dînions dans le restaurant, un groupe de policiers entra accompagné d’Allemands qui se mirent à vérifier les papiers des clients. Madeleine me prit par la main en douceur, me fit gentiment signe de ne pas faire de bruit ni de mouvements trop brusques et m’emmena voir la nouvelle portée de petits chats. Je ne revis pas mes parents. Ils furent arrêtés ainsi que le cuisinier. La suite je ne puis la raconter mais je sais que vous la trouverez. Je suis restée avec elle. A la fin de la guerre, elle a eu le bonheur de retrouver l’amour ; Emile, un homme charmant connu dans la résistance, mais qui avait dû s’éloigner à Londres.

Elle a connu de grandes douleurs mais elle est toujours restée digne et élégante. Elle m’a élevée fidèle à la prière tacite qu’elle a lue dans les yeux de ma mère lors de son arrestation.

On la voit souvent dans le quartier, avec sa canne, dernier cadeau d’Emile, faire ses ou en compagnie de son arrière petite fille qui l’accompagne au parc. Elle s’appelle Madeleine. Ensemble elles chantonnent « Que c’est beau la vie ! »

Tag(s) : #Textes des auteurs
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