Dans un silence insupportable et fracassant, mon coeur se heurte inlassablement contre les murs de ma prison. Meurtri au-delà de l'ineffable, il cogne, gronde, cherchant l'ultime échappatoire. Devant l'autel de ses blessures, il conjure le ciel et tous ses saints de le libérer des mille et un maux enfouis et bâillonnés au bord de ses lèvres. Lèvres scellées, figées face à l'indicible, elles n'offrent plus qu'un pâle sourire de façade. Mais à qui fait-il encore illusion ? A-t-on ne serait-ce que remarqué ce léger voile sur les yeux, à l'ombre de mes paupières ? Y voit-on rouler ce flot douloureux et palpitant qui coule de façon ininterrompue ?
Et pourtant, n'est-il pas palpable ce bourdonnement irrépressible qui martèle ma tête ? Ma tête, lourde de ces mensonges, de cette hypocrisie ambiante, de cette vile mesquinerie, de ce manque de générosité qui nous entoure alors que le monde s'écroule tout autour de nous, vole et éclate en mille morceaux telle une bombe à retardement.
A bout de souffle, je cherche à reprendre ma respiration tandis que ma gorge se serre et qu'un implacable étau étreint ma poitrine. Genoux à terre, je sonde le sol et tente en vain de me relever. Mais, n'est-il pas trop tard ? Lourde de cette overdose de nausées qui vrillent mes entrailles, je suffoque, une nouvelle fois. Je pose mon front sur la terre et d'une main attrape une poignée de terre. Doucement, j'y enfouis mon visage. Je la respire profondément et éclate en sanglots. Mon coeur est lourd. Tout au fond de lui résonnent des coups de boutoirs trop pesants à porter.
Dans un dernier battement, j'ose encore croire à une parole libérée et à un monde meilleur et dans un recueillement suprême, je prie pour tous les enfants de la Terre.