Le monde a fait de moi une auréole au creux d'une aisselle,
un glaviaux sur le bord d'un trottoir.
Je suis déchet prêt à être embarqué
sur un camion nommé désir.
Le monde a fait de moi un tas d'immondices,
dont le fumet au réveil brutalise les papilles.
Je suis sac plastique volant dans les airs
prêt à s'abattre pour étouffer un inconnu.
Le monde a fait de moi une crotte de chien
au perron d'un appartement bourgeois.
Avec un peu de chance,
la glissade provoquera l'hilarité.
Le monde a fait de moi une usine de retraitement de déchets,
une boursouflure au milieu d'un beau paysage.
Je suis bout de césium
pouvant tuer à l'infini la bonne populace.
Le monde a fait de moi un sale môme gâté
ayant la conscience d'une luciole.
Chewing-gum par la fenêtre
imaginant celui qui l'écrase.
Je suis l'ode à la vie
Celle qui s'éteint
sans bruit, au fond d'un rade,
ou d'un caniveau.